Exode des capitaux étrangers : Les actions canadiennes sous pression politique de Trump
Tim Shufelt Reporter en investissement Publié il y a 10 heures Mis à jour il y a 8 heures Partager Enregistrer
L'hostilité affichée par l'administration Trump envers le Canada a suffi à faire fuir les investisseurs internationaux. Selon les nouvelles données de Statistique Canada, un record de 35 milliards de dollars de capitaux étrangers a quitté le marché boursier canadien au premier trimestre.
Cette tendance n'est guère surprenante compte tenu de la détérioration de la situation économique canadienne. Le président américain Donald Trump, réélu avec des comptes à régler, a pris le Canada pour cible. Menaces tarifaires, discours annexionnistes et bellicisme économique ont rendu le pays peu attractif aux yeux des investisseurs globaux.
"On ne peut blâmer les étrangers d'hésiter à investir au Canada", analyse Martin Roberge, stratège de portefeuille chez Canaccord Genuity. "La situation est trop incertaine. Ils préfèrent adopter une attitude attentiste."
Curieusement, cet exode n'a pas ébranlé la Bourse de Toronto. L'indice S&P/TSX Composite a même enregistré une légère hausse trimestrielle. Le retrait des investisseurs étrangers a été compensé par les investisseurs locaux.
M. Roberge évoque un possible "investissement patriotique". Certains particuliers, indignés, ont liquidé leurs actifs américains pour se tourner vers les entreprises canadiennes. Mais le facteur déterminant reste la chute des actions américaines : le S&P 500 a perdu 19% en moins de deux mois, les valeurs technologiques (Magnificent Seven) plongeant de 30%.
De nombreux investisseurs canadiens, assis sur d'importantes plus-values après deux années record, ont réalisé leurs gains et rapatrié leurs fonds. Paradoxalement, l'appétit pour les titres à revenu fixe canadiens persiste parmi les investisseurs étrangers.
Malgré ses défis économiques, le Canada conserve la confiance des marchés obligataires. Contrairement aux États-Unis - qui ont perdu leur notation AAA chez Moody's vendredi dernier -, le Canada maintient sa cote de crédit impeccable. Même face à une récession imminente, sa marge de manœuvre budgétaire préserve sa solvabilité.
Ceci explique l'acquisition de près de 50 milliards de dollars d'obligations canadiennes par des non-résidents au premier trimestre, prolongeant une tendance où les investisseurs américains dominent. "C'est une exportation qu'on ne peut négliger", souligne Warren Lovely, stratège taux et secteur public à la Banque Nationale du Canada. Avec 40% de détention étrangère, jamais la dette publique n'a été autant détenue à l'étranger.
Les investisseurs en actions s'avèrent plus volatils. L'incertitude politique les a effrayés. Pourtant, les flux étrangers sont vitaux pour la bourse canadienne, dont l'histoire montre qu'ils fluctuent au rythme des marchés.
Selon M. Roberge, un assouplissement tarifaire pourrait ramener les capitaux. Les droits de douane américains sur l'acier, l'aluminium et les produits non conformes à l'accord de libre-échange maintiennent un taux effectif de 12%. Des progrès dans les négociations commerciales seraient également déterminants.
En attendant, la question reste de savoir si les investisseurs canadiens pourront continuer à soutenir seuls le marché.