Les prix commencent à grimper à cause des droits de douane. Les économistes préviennent : ce n'est que le début
Les économistes, chercheurs et analystes alertent depuis des mois : la politique commerciale agressive de Donald Trump, basée sur des droits de douane massifs sur les importations, finira par peser lourdement sur le portefeuille des consommateurs américains. Pourtant, jusqu'à présent, les données inflationnistes restaient modérées, permettant à l'administration Trump de vanter le succès de sa stratégie. Mais la tendance est en train de basculer : les prix augmentent bel et bien, et selon les experts, la véritable vague inflationniste ne fait que commencer.
Plusieurs facteurs expliquent cette progression lente mais inexorable des prix. D'abord, la mise en place progressive des tarifs douaniers : les premières mesures ont touché les produits chinois et l'acier en février-mars, mais l'essentiel des droits de douane n'a été appliqué qu'à partir d'avril. Ensuite, l'instabilité permanente de la politique commerciale : reports, annulations inattendues ou modifications de taux ont créé un climat d'incertitude.
Le temps de transport joue également un rôle clé. Les marchandises par voie maritime mettent souvent plus d'un mois à arriver sur le sol américain. Une fois débarquées, elles doivent encore parcourir les circuits de distribution et, pour beaucoup, intégrer des processus de fabrication avant d'atteindre les rayons.
Autre élément tampon : les stocks constitués en anticipation. Dès fin 2018, les entreprises avaient accru leurs importations par crainte de perturbations portuaires et pour anticiper d'éventuels droits de douane. Ce phénomène s'est amplifié en 2019 face à la menace tarifaire.
Actuellement, une partie des surcoûts (environ 20% selon Goldman Sachs) est absorbée par les exportateurs étrangers. Le reste se répartit entre entreprises américaines et consommateurs. Mais les économistes prévoient qu'à terme, près de 70% de ces coûts supplémentaires seront répercutés sur les prix finaux.
Les entreprises hésitent cependant à augmenter leurs tarifs, conscientes de la sensibilité des consommateurs après des années de pouvoir d'achat stagnant. 'La capacité des firmes à imposer des hausses de prix s'affaiblit car la consommation commence à fléchir', explique Nicole Cervi, économiste chez Wells Fargo.
La saisonnalité joue également un rôle. En été, les dépenses des ménages se concentrent sur les services (voyages, loisirs), rendant moins visibles les hausses sur les biens manufacturés. Mais la donne changera à l'automne avec la rentrée scolaire et les fêtes de fin d'année, périodes où les achats de biens reprennent le dessus.
Les prochains mois seront donc cruciaux pour mesurer l'impact réel des tarifs douaniers. Comme le souligne Tyler Schipper, professeur d'économie à l'Université de St. Thomas : 'Je pense que la réalité des conséquences va devenir plus tangible pour les gens dans les mois à venir'.
Les données économiques, toujours en retard d'un cycle, ne reflètent pas encore pleinement cette dynamique. Ainsi, les statistiques d'inflation pour juin, qui seront publiées prochainement, continueront probablement à être influencées à la baisse par la chute des prix de l'énergie et le ralentissement des hausses dans le secteur des services, masquant partiellement la montée en puissance de l'inflation sur les biens de consommation.