Le cuivre américain à des prix record : une menace sérieuse pour l'économie nationale
La prime du prix du cuivre aux États-Unis par rapport au cours mondial a bondi de 138% mardi pour atteindre un niveau record, suite à l'annonce par les autorités américaines de tarifs douaniers potentiels de 50% sur les importations de ce métal. Cette situation, qui entraîne un écart considérable entre les prix américains et internationaux, pourrait avoir un impact économique majeur, selon les analystes interrogés par CNBC.
L'annonce du président Donald Trump d'imposer des droits de douane de 50% sur les importations de cuivre a fait exploser les coûts pour les acheteurs américains. Les prix déjà élevés deviennent ainsi encore plus prohibitifs aux États-Unis qu'ailleurs, ce qui suscite des inquiétudes quant aux répercussions sur les entreprises et l'économie américaine dans son ensemble.
Le pays importe près de la moitié de son cuivre, utilisé dans divers secteurs allant des machines et appareils électroniques aux projets immobiliers et d'infrastructure. Bien que l'administration Trump souhaite stimuler la production nationale, les experts estiment que cela prendra des années, voire des décennies, avec des coûts d'investissement initiaux considérables.
Depuis février, les traders anticipaient cette décision présidentielle, ce qui a entraîné des transferts massifs de stocks depuis l'Europe et l'Asie vers les États-Unis. Cependant, l'incertitude persiste quant au calendrier et au taux définitif des droits de douane, en raison des messages officiels ambigus et des possibles exemptions négociées.
Le secrétaire au Commerce Howard Lutnick a indiqué à CNBC que les tarifs pourraient être appliqués "fin juillet, peut-être le 1er août". Mardi, les prix du cuivre américain ont clôturé en hausse de plus de 13%, leur plus forte progression quotidienne depuis 1989, atteignant un record de 5,69 dollars la livre. En comparaison, sur le London Metal Exchange (LME), la référence mondiale, les prix n'ont augmenté que de 0,3%.
Cet écart reflète la prime exceptionnellement élevée qui se développe entre le cuivre américain et celui du reste du monde. Alors que les prix américains restent élevés malgré des stocks plus importants que d'habitude, l'écart entre les contrats à terme du Comex et ceux du LME oscille entre 500 et 1 500 dollars depuis l'annonce par Trump d'une enquête sur le cuivre en février.
D'après l'agence Benchmark Mineral Intelligence, basée à Londres, la prime entre les prix du Comex et du LME a bondi de 138% mardi, dépassant les 2 600 dollars la tonne. Si le tarif de 50% entre en vigueur début août, les consommateurs américains pourraient payer environ 15 000 dollars la tonne, contre 10 000 dollars pour le reste du monde.
Daan de Jonge, analyste principal chez Benchmark, a expliqué à CNBC que cet écart important commencerait à avoir un impact économique majeur. "Pour les dépenses des ménages, tout ce qui contient du cuivre - réfrigérateurs, climatiseurs, voitures - va devenir plus cher, et les entreprises répercuteront probablement ces coûts", a-t-il déclaré.
Cette situation pourrait également inciter les consommateurs américains à privilégier les produits fabriqués à l'étranger, moins chers. Dans le domaine des investissements publics, la hausse des coûts des matières premières s'ajoute à un dollar en baisse et à une dette américaine plus coûteuse, ce qui pourrait affecter l'emploi.
Un autre effet secondaire pourrait être le remplacement du cuivre par de l'aluminium, moins cher mais plus lourd et plus coûteux à entretenir sur le long terme. "Tout cela entre clairement dans la zone de risque de destruction de la demande", a noté de Jonge.
Les obstacles à l'augmentation de la production nationale incluent les retards chroniques dans l'octroi de permis pour les projets miniers et les coûts élevés d'ouverture de nouvelles installations, qui dépendent de la persistance des dynamiques de marché actuelles.