Wall Street ne prend pas au sérieux les menaces tarifaires de Trump
Le président américain Donald Trump menace de relancer sa guerre commerciale, mais Wall Street reste relativement sereine. Les marchés mondiaux ont affiché une stabilité relative mardi après que Trump a durci son discours tarifaire tout en repoussant le délai au 1er août et en se disant ouvert aux négociations. Cette flexibilité a insufflé un sentiment d'optimisme chez les investisseurs.
Les bourses asiatiques, notamment à Tokyo, Séoul, Hong Kong et Bombay, ont ouvert en hausse mardi. Aux États-Unis, les indices ont globalement progressé: le Dow Jones a légèrement reculé de 0,13%, tandis que le S&P 500 et le Nasdaq ont gagné respectivement 0,05% et 0,3%. Ces mouvements modérés suggèrent que les investisseurs perçoivent les nouvelles menaces tarifaires comme une tactique de négociation plutôt qu'une politique ferme.
Cette réaction contraste fortement avec celle observée début avril, lorsque les tarifs du 'Jour de la Libération' avaient provoqué une chute brutale des marchés. Trois mois plus tard, Wall Street semble avoir appris à décrypter la rhétorique trumpienne. 'Ces nouvelles annonces ressemblent plus à une réplique sismique anticipée qu'au séisme initial', analyse Tony Sycamore, analyste chez IG Australia.
Lors d'une conférence de presse lundi soir, Trump a qualifié la date du 1er août de 'ferme, mais pas à 100%'. Ses lettres tarifaires constituent des 'offres plus ou moins finales', a-t-il précisé, tout en laissant la porte ouverte à d'éventuelles contre-propositions. Kurt Reiman d'UBS y voit 'la même menace, mais avec des poteaux de but déplacés'.
Les investisseurs parient désormais sur le 'commerce TACO' (Trump Always Chickens Out), estimant que le président reculera face à une réaction négative des marchés. 'C'est l'occasion d'un nouveau TACO Tuesday à la Trump', ironise Sycamore. Malgré l'annonce de nouvelles taxes lundi, les pertes boursières américaines sont restées limitées à moins de 1%.
'Les marchés ont globalement ignoré ces annonces tarifaires', constate Frederic Neumann de HSBC, soulignant que la porte reste ouverte à des négociations bilatérales. Mohit Kumar de Jefferies y voit plutôt un 'ralentisseur' qu'un frein à la hausse des actions. Selon lui, cibler certains pays permet d'accélérer les négociations commerciales.
L'attention des investisseurs se porte désormais au-delà des tarifs, vers d'autres indicateurs comme l'impact de l'IA sur les bénéfices ou la solidité des données économiques. 'Le marché est passé à autre chose', estime David Wagner d'Aptus Capital, convaincu que Trump céderait face à une volatilité accrue.
Certains analystes mettent cependant en garde contre un excès de complaisance. Michael Wan de MUFG souligne que les actifs risqués semblent trop optimistes face à des tarifs comparables à ceux d'avril. Sarah Bianchi d'Evercore ISI estime que Trump, enhardi par ses récents succès politiques, pourrait persister dans sa ligne dure.
Les prochains jours apporteront des éclaircissements avec la publication des données sur l'inflation en juin et d'éventuelles annonces sur des accords commerciaux. Comme le résument les analystes de Barclays: 'Si les négociateurs gardent une marge de manœuvre, il reste prudent de considérer tous les scénarios possibles dans ce contexte toujours fluide'.