Choc chinois 2.0 : La nouvelle menace industrielle qui plane sur les États-Unis
Il y a dix ans, les conclusions d'une étude ont choqué le monde économique. Alors que les économistes mainstream défendaient les bienfaits du libre-échange, une recherche menée en 2013 par David Autor du MIT et ses collègues révélait l'impact dévastateur des importations chinoises sur l'emploi industriel américain. Entre 2000 et 2011, ce "choc chinois" a coûté 1 million d'emplois manufacturiers et 2,4 millions au total, particulièrement dans les villes dépendantes du commerce comme celles de Caroline du Nord spécialisées dans la fabrication de meubles.
Ces pertes ont alimenté un ressentiment politique croissant, visible dans les appels au protectionnisme et les tarifs douaniers de l'ère Trump. Mais aujourd'hui, Autor alerte sur un danger bien plus grave : le "choc chinois 2.0". Cette fois, ce ne sont plus les produits basiques mais les technologies avancées (voitures électriques, IA, quantique) qui sont menacées par la montée en puissance industrielle de la Chine.
Les anciennes zones industrielles touchées ont connu une reprise... mais avec des emplois moins qualifiés et moins rémunérateurs dans l'éducation, la logistique ou l'hôtellerie. Les hommes blancs non diplômés, autrefois piliers de l'industrie, peinent à se reconvertir. Contrairement aux attentes, peu ont quitté ces régions, maintenant marquées par une identité économique perdue.
Le vrai danger actuel réside dans la bataille des hautes technologies. Contrairement aux emplois manufacturiers basiques perdus (meubles, chaussures), les secteurs comme l'aéronautique ou les semi-conducteurs sont cruciaux pour le leadership économique et l'innovation. Autor critique la stratégie actuelle : "L'administration Trump combat la guerre d'il y a 20 ans".
La solution ? Cibler les investissements publics sur 15 secteurs technologiques clés plutôt que de protéger des assemblages bas de gamme. Les leçons du premier choc chinois sont claires : "Nous avons agi trop vite sans soutien suffisant". Face au choc 2.0, les États-Unis doivent adopter une réponse plus réfléchie que le simple protectionnisme.