Comment les politiques économiques de Donald Trump nuisent aux États-Unis : une analyse approfondie
Donald Trump a fixé une échéance au 9 juillet 2025 pour conclure des accords commerciaux avant d'imposer des tarifs douaniers controversés sur certaines des plus grandes économies mondiales. Bien qu'il soit impossible de prédire ce qui se passera ce jour-là, il est déjà évident que ses politiques économiques portent préjudice aux intérêts américains. Par exemple, la dette publique des États-Unis s'élève actuellement à 36 000 milliards de dollars (26 000 milliards de livres), soit 123 % du PIB, son niveau le plus élevé depuis 1946.
D'autres pays affichent également des dettes publiques élevées, comme le Royaume-Uni (104 % du PIB), la France (116 %) et la Chine (113 %), mais les États-Unis se situent en tête de liste. Le récent projet de loi budgétaire, surnommé par Trump le "grand beau projet", devrait ajouter 3 000 milliards de dollars à cette dette au cours de la prochaine décennie. Avec de tels chiffres, il est peu probable que la dette américaine diminue.
En 2024, le gouvernement américain a dû emprunter 1 800 milliards de dollars supplémentaires pour couvrir les dépenses non financées par les recettes fiscales (le déficit budgétaire). Cela représente 6,2 % du PIB, un chiffre qui devrait officiellement atteindre 7,3 % dans les 30 prochaines années. Cette prodigalité fiscale et le programme chaotique de tarifs entraînent des taux d'intérêt élevés pour les emprunts gouvernementaux.
Par exemple, le taux d'intérêt sur la dette publique américaine à 10 ans (son rendement) est passé de 0,5 % mi-2020 à 4,3 % aujourd'hui. Cette hausse affecte également les taux des prêts hypothécaires et des emprunts d'entreprise. Depuis des décennies, les États-Unis bénéficient d'une grande confiance dans la force, l'ouverture et la stabilité de leur économie.
Les obligations américaines, ou "Treasuries", sont considérées comme des investissements sûrs par les institutions financières du monde entier. Le dollar américain domine les paiements et dettes internationaux, un statut souvent qualifié de "privilège exorbitant". Ce statut profite aux consommateurs américains en rendant les importations moins chères, bien qu'il contribue aux déficits commerciaux qui préoccupent tant le président.
Cela permet également au gouvernement américain d'emprunter massivement avant que des doutes n'apparaissent sur sa capacité à rembourser. Les investisseurs achètent généralement autant d'obligations que nécessaire. La domination du dollar confère aussi un pouvoir politique, comme la capacité d'exclure la Russie des principaux systèmes de paiement mondiaux.
Cependant, ce privilège s'érode en raison de la politique tarifaire de Trump. La taille et l'imprévisibilité de ces tarifs sapent la confiance des investisseurs. Il est coûteux d'adapter les chaînes d'approvisionnement en réponse aux tarifs, et l'incertitude pousse les investisseurs à cesser d'investir en attendant plus de clarté.
Depuis le début de l'année, le dollar a perdu 8 % de sa valeur, reflétant les doutes des investisseurs et renchérissant les importations. Le plus grand danger pour les marchés financiers américains pourrait être une hausse soudaine des rendements des obligations d'État. Aucun investisseur ne souhaite détenir une obligation dont la valeur chute avec la hausse des rendements.
Une telle hausse peut s'auto-alimenter si les ventes s'accélèrent. En avril, après l'annonce des tarifs commerciaux, les rendements des Treasuries à 10 ans ont bondi de 0,5 % en quatre jours. Cette hausse a été stoppée le 10 avril lorsque les tarifs ont été suspendus, probablement en réaction à la chute des prix des obligations et des actions.
Un haut responsable de banque centrale a évoqué un marché proche de l'effondrement. Bien que le dollar ne soit pas menacé à court terme en tant que monnaie de réserve mondiale, les alternatives comme l'euro ou le yuan chinois ne sont pas attractives. Depuis mars, les banques centrales étrangères vendent des Treasuries au profit de l'or.
Sous l'ère Trump, la réputation du dollar comme actif sûr s'est ternie, rendant le système financier plus vulnérable et les emprunts plus coûteux. John Whittaker, enseignant-chercheur en économie à l'Université de Lancaster, analyse ces enjeux dans cet article republié sous licence Creative Commons.