La vaccination des enfants : un consensus plus large qu'il n'y paraît
Une majorité écrasante d'Américains soutient les obligations vaccinales pour les enfants, malgré les clivages politiques croissants sur le sujet. C'est ce que révèle un nouveau sondage publié mercredi par l'École de santé publique Harvard T.H. Chan et la Fondation de Beaumont. Selon l'étude, 79% des Américains estiment que les parents devraient être tenus de vacciner leurs enfants contre les maladies évitables pour qu'ils puissent fréquenter l'école, un avis partagé par 72% des parents interrogés.
Le soutien transcende les divisions partisanes : 90% des démocrates, 68% des républicains et 66% des sympathisants du mouvement 'Make America Great Again' se déclarent favorables à ces obligations vaccinales. 'Ces résultats montrent que la politique de vaccination systématique est moins controversée qu'on ne pourrait le croire en suivant l'actualité et les influenceurs', souligne Gillian SteelFisher, directrice du Harvard Opinion Research Program et chercheuse principale à Harvard Chan School.
Le sondage, réalisé en ligne et par téléphone du 10 au 31 mars auprès de 2 509 adultes (marge d'erreur de ±2,3 points), intervient dans un contexte de recrudescence des cas de rougeole aux États-Unis. Brian C. Castrucci, président de la Fondation de Beaumont, souligne que malgré ce fort soutien, '79%, c'est un peu faible par rapport au seuil nécessaire pour l'immunité collective' qui requiert souvent plus de 90% de couverture vaccinale.
Parmi les arguments avancés par les partisans des obligations vaccinales, on trouve l'efficacité des vaccins (90%) et la responsabilité des familles à maintenir la sécurité des écoles (87%). La confiance dans la sécurité vaccinale reste élevée (91%), bien que le sondage distingue clairement les vaccins pédiatriques traditionnels (rougeole, oreillons, rubéole) des vaccins COVID-19.
Les 21% d'opposants invoquent principalement le droit au choix parental plutôt que des inquiétudes sur la sécurité. 'Ces données rappellent qu'il faut comprendre ce que pensent les gens', analyse SteelFisher, plaidant pour un dialogue empathique sur ces questions de santé publique.
Le contexte politique actuel, marqué par les positions controversées du secrétaire à la Santé Robert F. Kennedy Jr. - qui a récemment remplacé tous les membres d'un comité vaccinal indépendant - rend d'autant plus crucial ce travail de pédagogie. Comme le conclut Castrucci : 'Nous devons créer des espaces de conversation pour regagner la confiance des parents et contrer la désinformation croissante.'