Walmart, Kroger et les géants de l'alimentation profitent des aides SNAP mais refusent de les défendre
Le Sénat américain examine actuellement un projet de loi intitulé « One Big Beautiful Bill » qui prévoit de réduire de 186 milliards de dollars sur 10 ans le budget du programme d'aide nutritionnelle SNAP (anciennement food stamps). Ces coupes drastiques, bien que moins sévères que les 286 milliards demandés par les républicains à la Chambre, représentent une baisse de 20 % du budget annuel du SNAP, évalué à environ 100 milliards de dollars. Environ 2 millions de bénéficiaires pourraient perdre leurs aides. Ce serait la réduction la plus importante en 60 ans d'existence du programme.
Le SNAP aide près de 42 millions d'Américains à se nourrir chaque mois. La majorité des foyers bénéficiaires vivent sous ou près du seuil de pauvreté fédéral (32 150 dollars pour une famille de quatre personnes) et incluent des enfants, des personnes âgées ou handicapées. De nombreux anciens combattants et certaines familles de militaires en activité dépendent également du SNAP. Contrairement aux idées reçues, la plupart des adultes en âge de travailler dans ces foyers ont un emploi, mais leurs revenus sont insuffisants pour couvrir les besoins alimentaires du mois.
Les réductions proposées affecteront particulièrement les femmes actives avec enfants, qui risquent de perdre leurs aides en raison de règles d'éligibilité plus strictes. Ces coupes aggraveront la situation de millions d'Américains déjà confrontés à des salaires bas et irréguliers, à l'absence de congés maladie payés, à des frais de garde d'enfants prohibitifs et à un accès limité aux soins de santé. Ces mesures visent notamment à financer la prolongation des réductions d'impôts pour les 1 % les plus riches, instaurées en 2017 sous l'administration Trump.
Les géants de la distribution alimentaire comme Walmart et Kroger, ainsi que les grands groupes agroalimentaires tels que Tyson, ConAgra et Kraft Heinz, profitent largement du SNAP. Walmart capte à lui seul 24 % des dépenses SNAP, tandis que ces aides représentent 5 % des ventes totales des supermarchés. Pourtant, malgré l'impact négatif que ces coupes auront sur leurs profits et leurs employés, ces entreprises restent étrangement silencieuses.
Le SNAP sert aussi de subvention indirecte aux bas salaires dans l'industrie alimentaire, où le salaire minimum fédéral de 7,25 dollars de l'heure n'a pas augmenté depuis 2009. Les travailleurs pauvres, notamment les femmes occupant des postes peu rémunérés, sont les premiers touchés. Walmart, en tant que plus grand employeur privé des États-Unis, est le principal bénéficiaire de ce système.
Malgré leur dépendance au SNAP, les grandes entreprises alimentaires évitent de s'opposer publiquement aux coupes budgétaires. Leurs associations professionnelles expriment une certaine inquiétude, mais les groupes individuels comme Walmart, Kroger, Tyson ou Nestlé ne prennent aucune position claire. Leur silence pourrait s'expliquer par leur soutien aux politiques fiscales de Trump ou par leur crainte de représailles. Quoi qu'il en soit, leur inaction en dit long sur leurs priorités.