France-Algérie : reconstruire une relation fragilisée sans se bercer d'illusions
Certains verdicts sont si ambivalents que leur sévérité n'éteint pas tout espoir d'une issue positive. La condamnation à cinq ans de prison de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal par la cour d'appel d'Alger le 1er juillet en est l'illustration. Cette peine, inique pour un octogénaire en mauvaise santé persécuté pour ses idées, constitue une "honte" pour l'Algérie, comme l'a dénoncé Emmanuel Macron en janvier. La répression des voix critiques en Algérie entache l'image du pays. Sansal n'est pas un cas isolé : le poète Mohamed Tadjadit et les militants pacifiques du Hirak en ont aussi payé le prix. Cependant, une lueur d'espoir subsiste : le président Tebboune pourrait gracier Sansal à l'occasion de la fête nationale du 5 juillet. Une telle décision apaiserait légèrement les tensions franco-algériennes, exacerbées depuis un an par le dossier du Sahara occidental, les désaccords migratoires et les ingérences algériennes en France. Mais il serait naïf d'y voir une réconciliation durable. Les faucons des deux camps, comme en témoigne l'absurde condamnation du journaliste Christophe Gleizes pour "apologie du terrorisme", continueront de nourrir la défiance. Les relations franco-algériennes, cruciales pour les deux pays, doivent être repensées avec lucidité, sans faux-semblants.