Fraude internationale massive : Des agents nord-coréens et leurs complices américains accusés d'avoir infiltré des entreprises du Fortune 500 et volé des millions
Les autorités américaines ont annoncé une vaste opération contre un réseau international de fraude impliquant des travailleurs nord-coréens des technologies de l'information (TI), révélant deux nouvelles mises en accusation visant plus d'une douzaine de suspects. Parmi eux figure Zhenxing "Danny" Wang, un résident du New Jersey, accusé d'avoir participé à une escroquerie ayant généré plus de 5 millions de dollars de gains illicites. Quatre ressortissants nord-coréens sont également inculpés pour avoir volé près d'un million de dollars en cryptomonnaies. Les enquêteurs ont perquisitionné 29 "fermes à ordinateurs portables" réparties dans 16 États et saisi 29 comptes financiers utilisés pour blanchir de l'argent et des actifs numériques.
Selon le premier acte d'accusation déposé dans le district du Massachusetts, des travailleurs nord-coréens des TI auraient collaboré avec des complices basés à New York, dans le New Jersey, en Californie et à l'étranger pour voler les identités de plus de 80 Américains. Ces faux profils leur ont permis d'obtenir des emplois à distance dans plus de 100 entreprises, dont plusieurs figurant au Fortune 500, et de détourner au moins 5 millions de dollars. Le second acte d'accusation décrit comment une équipe de quatre Nord-Coréens s'est rendue aux Émirats arabes unis pour se faire passer pour des travailleurs des TI sous de fausses identités, infiltrer des entreprises américaines et voler systématiquement des cryptomonnaies afin de financer les programmes d'armes nucléaires de la Corée du Nord.
Le schéma frauduleux s'est complexifié au fil du temps, passant de l'utilisation de simples fausses identités à la création d'un réseau élaboré de sociétés écrans dirigées par des Américains. Ces structures, fondées par des complices rémunérés, donnaient l'illusion que les travailleurs nord-coréens étaient affiliés à des entreprises légitimes. Les fonds volés étaient ensuite transférés aux dirigeants nord-coréens pour soutenir leurs programmes d'armement. "La Corée du Nord reste déterminée à financer ses programmes d'armes en escroquant des entreprises américaines et en exploitant des victimes de vol d'identité", a déclaré Roman Rozhavsky, directeur adjoint de la division du contre-espionnage du FBI.
Les autorités estiment que le régime nord-coréen a déployé des milliers de travailleurs des TI à travers le monde pour tromper des entreprises et obtenir des emplois à distance. Une fois en poste, ces individus étaient chargés de générer des revenus et de collecter des renseignements pour faciliter des cyberattaques. Selon l'ONU, ce système générerait entre 200 et 600 millions de dollars par an, sans compter les cryptomonnaies volées lors de ces attaques, dont le montant se chiffrerait en milliards.
Parmi les accusés figure Zhenxing "Danny" Wang, qui aurait créé une société de développement logiciel appelée Independent Lab comme couverture. Wang recevait des ordinateurs portables envoyés par des entreprises à des travailleurs supposés, mais en réalité à des personnes dont les identités avaient été volées. Il aurait hébergé ces ordinateurs chez lui, installé des logiciels d'accès à distance pour permettre aux Nord-Coréens de les utiliser depuis l'étranger, et transféré les salaires perçus sur des comptes contrôlés par les conspirateurs.
Les enquêteurs ont identifié plusieurs autres complices, dont un membre en activité de l'armée américaine, qui auraient hébergé des "fermes à ordinateurs portables" chez eux en échange de centaines de milliers de dollars. Ces sociétés écrans auraient escroqué au moins quatre grandes entreprises, leur causant chacune plus de 100 000 dollars de dommages. Un autre complice, Kejia Wang, aurait sciemment participé à cette fraude au profit de la Corée du Nord.
Les entreprises touchées par cette escroquerie sont situées dans plus de 25 États américains, dont la Californie, le Massachusetts, New York et la Géorgie. Parmi les victimes figure un entrepreneur de la défense basé en Californie, dont des documents sensibles liés à la technologie militaire américaine auraient été volés par un acteur étranger.
Michael "Barni" Barnhart, enquêteur principal chez DTEX, a souligné que cette affaire rappelle que la menace posée par les travailleurs nord-coréens des TI va au-delà de la génération de revenus. "Une fois à l'intérieur, ils peuvent mener des activités malveillantes depuis des réseaux de confiance, représentant des risques sérieux pour la sécurité nationale et les entreprises du monde entier", a-t-il déclaré.
Le second acte d'accusation détaille comment quatre Nord-Coréens ont utilisé un mélange d'identités volées et d'alias pour obtenir des emplois de développeurs dans une entreprise de R&D technologique d'Atlanta et une société de jetons virtuels. Le duo aurait volé pour près d'un million de dollars en cryptomonnaies, avant de faire appel à d'autres complices pour blanchir cet argent avant de le transférer aux dirigeants nord-coréens.
L'un des accusés, Kim Kwang Jim, aurait utilisé une fausse carte d'identité portugaise pour obtenir un emploi dans une entreprise non nommée basée à Atlanta. En mars 2022, il aurait modifié le code source de l'entreprise pour détourner des cryptomonnaies d'une valeur d'environ 740 000 dollars. Lorsqu'il a été confronté par le fondateur de l'entreprise, Kim aurait nié toute implication, écrivant : "Combien de fois dois-je te le dire ??? Je ne l'ai pas fait !!! Ce n'est pas moi !!!"
Un autre incident impliquait le défendeur Jong Pong Ju, qui aurait utilisé l'alias "Bryan Cho" pour obtenir un emploi dans une autre entreprise. Après avoir gagné la confiance de l'employeur, Jong aurait volé l'équivalent de 175 680 dollars en Ether. Lorsqu'on lui a demandé des explications, il aurait prétendu avoir "accidentellement" divulgué une clé privée.
Les quatre accusés principaux auraient ensuite utilisé des alias supplémentaires et un mélangeur de cryptomonnaies appelé "Tornado Cash" pour blanchir les fonds volés. Ce service permet d'obscurcir la trace des transactions en cryptomonnaies. Le FBI prévoit de publier une nouvelle affiche "Wanted" en lien avec ces inculpations.