Tempête sur les marchés : l'inquiétude autour de la dette américaine fait plonger les obligations
Les craintes d'un excès d'emprunts gouvernementaux mondiaux, aggravé par le projet de loi républicain sur les dépenses et les réductions d'impôts, ont alimenté une vente aux enchères inhabituellement faible des obligations américaines, provoquant un effondrement des marchés mercredi. Le S&P 500 a chuté de 1,6 %, tandis que le Dow Jones Industrial Average a perdu plus de 800 points, soit 2 %. Le Nasdaq, dominé par les technologies, a reculé de 1,4 %. Ces baisses ont été suivies jeudi par un recul des marchés asiatiques, alors que les contrats à terme sur actions stagnaient en trading nocturne, selon CNBC.
Les investisseurs s'inquiètent de plus en plus que les banques centrales, y compris la Réserve fédérale américaine, maintiennent des taux d'intérêt élevés plus longtemps. Ce scénario pourrait contenir l'inflation, souvent attisée par l'augmentation des dépenses publiques. L'agence de notation Moody's a souligné ce problème vendredi en retirant à la dette américaine son statut AAA. Bien que la réaction initiale du marché ait été modérée, la combinaison des craintes de hausse des taux à l'étranger et de l'impact du projet de budget de Donald Trump a poussé les investisseurs obligataires à la panique mercredi.
Surnommé par le président comme "un grand et beau projet de loi", ce texte prolongerait les réductions d'impôts de 2017 tout en augmentant le plafond de la dette de 4 000 milliards de dollars. Il augmenterait également les dépenses pour l'immigration et l'armée, tout en réduisant des programmes comme Medicaid et les crédits d'impôt pour les énergies propres. Des groupes non partisans comme le Congressional Budget Office et le Penn Wharton Budget Model affirment que ce projet n'apporterait pas de solution significative aux problèmes de dette et de déficit américains — des affirmations contestées par la Maison Blanche.
Les investisseurs obligataires pourraient avoir le dernier mot. Une vente aux enchères mercredi après-midi pour des obligations à 20 ans a vu les investisseurs exiger un rendement bien supérieur à celui d'une vente similaire un mois plus tôt, rapporte Dow Jones. La participation des banques centrales étrangères a été plus faible, faisant bondir les rendements obligataires. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans a atteint son plus haut niveau depuis février, à 4,6 %, tandis que celui à 30 ans a dépassé 5 %, un record depuis 18 ans.
Lorsque les rendements obligataires augmentent, les gouvernements doivent payer plus d'intérêts, réduisant leurs capacités de dépenses ailleurs — sauf à emprunter davantage, ce qui risque d'alimenter l'inflation. "Le marché est mal à l'aise avec cette hausse des taux", a déclaré Peter Boockvar, directeur des investissements chez Bleakley Financial Group. Selon lui, le contenu probable du projet de loi, ajouté au récent rebond des actions après l'annonce des tarifs douaniers de Trump, rend probable un maintien des taux élevés par la Fed.
Les mauvais résultats des enchères américaines ont été aggravés par les inquiétudes économiques concernant le Japon et le Royaume-Uni, où les banques centrales subissent une pression croissante pour maintenir des taux élevés face à l'inflation et aux dépenses publiques. Au Royaume-Uni, l'inflation a dépassé les attentes le mois dernier, tandis qu'au Japon, les investisseurs ont exigé des rendements inédits depuis 25 ans pour prêter à l'État.
Au final, les investisseurs mondiaux craignent de plus en plus que les gouvernements ne puissent rembourser leurs dettes à temps sans provoquer une accélération de l'inflation. Le président de la Chambre Mike Johnson et des membres du groupe conservateur Freedom Caucus devaient rencontrer Trump mercredi après-midi pour discuter du projet de budget. Rob Wile, journaliste primé au Pulitzer, couvre l'actualité économique pour NBCNews.com.