Taxer les transferts d'argent aggrave la pauvreté et l'instabilité des voisins des États-Unis
Un projet de loi budgétaire en cours d'examen au Congrès américain propose une taxe de 3,5 % sur tous les transferts d'argent effectués par les non-citoyens résidant aux États-Unis vers d'autres pays. Ces transferts, communément appelés « envois de fonds », sont principalement effectués par des travailleurs immigrés pour soutenir leurs familles restées au pays.
Bien que l'impact fiscal de cette taxe soit relativement faible pour les États-Unis (estimé à 26 milliards de dollars sur 10 ans), ses conséquences pour les pays destinataires pourraient être bien plus importantes. Selon la Banque mondiale, les envois de fonds vers les pays à revenu faible ou intermédiaire ont atteint 685 milliards de dollars en 2024, dépassant souvent l'aide étrangère et les investissements directs étrangers combinés.
Pour certains pays d'Amérique centrale et des Caraïbes, ces transferts représentent une part substantielle de leur PIB, allant jusqu'à 26 % pour des nations comme Haïti ou le Honduras. La nouvelle taxe, s'ajoutant aux frais de transfert déjà élevés (environ 6 %), pourrait porter le coût total à plus de 10 %, contredisant ainsi les objectifs de développement durable de l'ONU visant à réduire ces coûts à 3 % d'ici 2030.
Cette mesure intervient dans un contexte où les États-Unis réduisent également leur aide étrangère et imposent des tarifs douaniers controversés à leurs voisins, comme le Mexique et les pays d'Amérique centrale, malgré les accords de libre-échange en place. Ces politiques risquent d'aggraver les difficultés économiques dans la région, augmentant potentiellement les flux migratoires vers les États-Unis.
La question des envois de fonds reflète un dilemme plus large pour les États-Unis : comment concilier préoccupations économiques et stratégiques dans les pays du Sud global ? Une approche plus engagée en matière d'investissement et de commerce pourrait favoriser le développement et réduire la dépendance aux transferts d'argent, tandis que les mesures restrictives risquent d'accentuer les crises économiques et sociales.