Pourquoi la guerre au Moyen-Orient n'a pas déclenché une crise pétrolière
Malgré les tensions croissantes au Moyen-Orient, les prix du pétrole n'ont pas connu de hausse spectaculaire. Plusieurs facteurs expliquent cette stabilité, notamment la position dominante des États-Unis en tant que premier producteur mondial de pétrole.
Après l'attaque d'Israël contre l'Iran ce mois-ci, les prix du pétrole brut ont augmenté de 7 % en quelques heures. Cependant, cette hausse n'a pas été suffisante pour indiquer une crise pétrolière imminente. Les prix ont atteint un pic de 80 dollars le baril, restant inférieurs à ceux de janvier.
Rebecca Babin, trader énergétique chez CIBC Private Wealth, note que les marchés ont été surpris par la modération de la réaction des prix. L'Iran, l'un des dix plus grands producteurs de pétrole au monde, a menacé de bloquer le détroit d'Hormuz, mais n'a pas concrétisé cette menace.
Les prix ont fluctué avec l'extension du conflit, puis ont chuté rapidement une fois qu'il est devenu clair que l'Iran n'interférerait pas avec les approvisionnements. Même avant l'annonce d'un cessez-le-feu, les prix affichaient une tendance à la baisse.
Angie Gildea, responsable énergétique chez KPMG, souligne la résilience des marchés face aux chocs géopolitiques. Contrairement aux crises passées, les tensions récentes n'ont pas provoqué de flambée des prix.
Cinq raisons expliquent cette stabilité : l'Iran n'a pas ciblé les approvisionnements pétroliers, les traders sont devenus sceptiques face aux pics de prix, la saison de demande plus faible approche, le marché est surapprovisionné, et les États-Unis dominent la production mondiale.
L'absence de perturbation des approvisionnements par l'Iran a été un facteur clé. Le détroit d'Hormuz, par lequel transite 20 % du pétrole mondial, reste ouvert. Une fermeture aurait eu des conséquences économiques désastreuses pour l'Iran.
Les traders, désormais prudents, ne réagissent plus aussi vivement aux menaces non matérialisées. Les expériences passées, comme l'attaque du Hamas contre Israël, ont montré que les pics de prix sont souvent temporaires.
La saison automnale, marquée par une baisse de la demande dans l'hémisphère nord, contribue également à modérer les prix. De plus, le marché est actuellement surapprovisionné, avec une production en hausse malgré une demande atone, notamment en Chine.
Enfin, la révolution du schiste aux États-Unis a transformé la géopolitique du pétrole. Les États-Unis, désormais premier producteur mondial, peuvent augmenter rapidement leur production en cas de perturbation majeure, offrant une stabilité supplémentaire au marché.
Jim Burkhard, de S&P Global, souligne que cette capacité de production limite l'impact des conflits au Moyen-Orient sur les prix. Cependant, malgré les appels politiques à augmenter la production, le marché, actuellement excédentaire, dicte son propre rythme.