Les Big Four réduisent drastiquement les emplois juniors face à l'essor de l'IA
Les quatre grands cabinets d'audit britanniques suppriment des centaines de postes et réduisent massivement leur recrutement de jeunes diplômés, l'intelligence artificielle (IA) remplaçant progressivement les rôles juniors traditionnellement occupés par des étudiants. Deloitte, EY, KPMG et PwC – qui emploient collectivement environ 100 000 personnes au Royaume-Uni – ont tous réduit leurs embauches en début de carrière ces deux dernières années, avec des baisses allant jusqu'à 29 %. KPMG a effectué les coupes les plus importantes, passant de 1 399 à 942 embauches de diplômés en 2023. Deloitte a réduit son programme de 18 %, tandis qu'EY et PwC ont suivi avec des baisses de 11 % et 6 % respectivement.
Cette réduction des effectifs intervient alors que les cabinets cherchent à préserver les rémunérations à sept chiffres des associés malgré un ralentissement post-Covid des activités de conseil et des budgets clients en baisse. Des outils d'IA générative comme ChatGPT sont de plus en plus utilisés pour automatiser les tâches administratives habituellement confiées aux juniors, accélérant cette transition. « Les Big Four considèrent l'IA très sérieusement pour reproduire le travail junior à moindre coût », explique James O'Dowd du cabinet de recrutement Patrick Morgan. Parallèlement, les quatre firmes ont intensifié leur externalisation vers des centres à bas coûts en Inde, Malaisie et Philippines.
Les offres d'emploi pour jeunes diplômés en comptabilité ont chuté de 44 % sur un an, dépassant le déclin général du marché. Pourtant, tout en réduisant les postes juniors, les Big Four cherchent à profiter du boom de l'IA. Deloitte, PwC et EY développent des services d'audit d'IA – des outils vérifiant les performances et la sécurité des modèles – face à une demande croissante. Richard Tedder, associé chez Deloitte, qualifie cette assurance IA de « cruciale pour son adoption ». PwC lancerait prochainement son propre service.
Cette dynamique s'inscrit dans l'ambition britannique de devenir un hub mondial de l'IA, avec un potentiel de 200 milliards de livres pour l'économie. Les PME pourraient y contribuer à hauteur de 78 milliards sur dix ans. Cependant, la confiance du public reste un défi : seulement 42 % des Britanniques font confiance à l'IA, et près de 75 % n'ont aucune formation à son sujet, selon KPMG.