Après des années de plaintes, Verizon promet enfin d'améliorer les réseaux vétustes de Frontier
La salle d'audience de la Commission des services publics de Virginie-Occidentale était pleine à craquer ce jour-là. Des costumes sobres, des dossiers volumineux et une attente palpable. Au cœur des débats : le rachat par Verizon des opérations de Frontier Communications, fournisseur historique de services internet et téléphoniques pour 300 000 habitants. Mais les questions cruciales restaient sans réponse : quels investissements pour moderniser le réseau vétuste ? Quand les clients verront-ils une amélioration du service ?
Lors de l'audience, Tom Nugent, cadre de Verizon, a vanté les mérites de son entreprise. « Nous apporterons l'expertise et les outils Verizon en Virginie-Occidentale », a-t-il déclaré. Pourtant, face aux demandes précises des régulateurs sur les montants investis, il a systématiquement reporté les questions à ses collègues. Charlotte Lane, présidente de la PSC, n'a pas caché sa frustration : « Nos concitoyens n'ont pas d'alternative à ces lignes fixes. Nous exigeons des garanties. »
Dans une tournure inattendue, les négociations se sont poursuivies à huis clos. Le projet d'accord obtenu révèle quelques engagements : Verizon promet d'améliorer le service client (80% des appels répondus en 30 secondes), d'embaucher 25 employés supplémentaires et de convertir 97 postes à temps partiel en CDI. Le géant des télécoms s'engage aussi à connecter 35 000 foyers supplémentaires à la fibre optique dans les deux ans, ou à investir 30 millions de dollars en cas d'échec.
Ce rachat marquerait le retour de Verizon en Virginie-Occidentale, après avoir cédé ses infrastructures à Frontier en 2010. Une décision lourde de conséquences : Frontier, submergé par les plaintes (13 000 recensées par la PSC), a dû déposer le bilan en 2020. Lisa Knight, cliente depuis dix ans, témoigne : « Notre internet est si lent qu'on ne peut même pas regarder deux émissions en simultané. » Comme beaucoup, elle doute des promesses de Verizon.
Les responsables locaux restent prudents. Robert Cole, membre du Conseil d'amélioration du haut débit, confie : « Ayant travaillé avec plusieurs opérateurs, je suis sceptique sur les réelles améliorations. » Kelly Workman, directrice du bureau du haut débit, ironise : « Peut-on au moins espérer que ce ne sera pas pire ? »
Malgré tout, certains y voient une lueur d'espoir. Horst Motz, ancien employé de Verizon, attend depuis sept ans la fibre dans le comté de Calhoun. « Je connais leur savoir-faire. Enfin peut-être... », soupire-t-il. Le règlement préliminaire, qui doit encore être approuvé par la PSC, pourrait marquer un tournant pour cet État où un tiers des habitants dépendent encore du DSL obsolète.