L'économie russe, dopée par la guerre, est au bord du vide selon la cheffe de la Banque centrale
L'économie russe, stimulée par la guerre en Ukraine, montre des signes d'essoufflement rapide avec l'épuisement de ses ressources clés, a averti la gouverneure de la Banque centrale russe Elvira Nabiullina lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, rapporte le Moscow Times le 19 juin. Nabiullina a expliqué que la croissance des deux dernières années reposait sur des "ressources gratuites" désormais quasi épuisées : main-d'œuvre, capacités industrielles, réserves bancaires et actifs liquides du Fonds national de richesse (NWF).
Le président Vladimir Poutine, présent au même forum, a ordonné aux responsables d'éviter "stagnation ou récession" à tout prix, appelant à restructurer l'économie. Ces déclarations interviennent alors que l'ambassadeur russe au Royaume-Uni Andrei Kelin affirmait à CNN que seulement 5 à 7% du budget fédéral servaient à financer la guerre, assurant que Moscou "est en train de gagner".
Les indicateurs économiques révèlent une situation préoccupante : chômage à 2,3% (record historique), mais pénurie de 2 millions de travailleurs due à l'émigration et à la mobilisation. L'utilisation des capacités industrielles dépasse 80%, du jamais vu. Le ministre de l'Économie Maxim Rechetnikov a confirmé que le pays était "au bord de la récession", avec une croissance du PIB tombée à 1,4% au premier trimestre 2024.
Les profits des entreprises ont chuté d'un tiers en mars (moitié dans le pétrole et gaz), la croissance industrielle stagne à 1,2%, et les secteurs civils régressent. La hausse du chiffre d'affaires du commerce de détail est passée de 7,2% en décembre à 2,4% en avril. Un analyste anonyme cité par Novaya Gazeta Europe évoque un choix imminent pour Poutine entre "guerre ou économie".
Face à l'inflation galopante alimentée par les dépenses militaires record, la Banque centrale maintient des taux directeurs élevés (20% après une légère baisse en juin). Le gouvernement a réduit des projets clés et les exportations de métaux/pétrole. Les espoirs de reprise en 2025 s'amenuisent sous le double poids des sanctions et de l'inflation.