L'Europe cet été : Faut-il encore y aller malgré les tensions ?
Cet été, les voyageurs rêvant de découvrir les grandes villes espagnoles, italiennes ou portugaises pourraient être accueillis par un message clair des habitants : "Ne venez pas". Le 15 juin, des milliers de manifestants ont coordonné des protestations anti-tourisme dans une douzaine de destinations phares comme Barcelone, Lisbonne ou Venise. Leur but ? Dénoncer une surfréquentation qui rend leurs villes invivables, aggrave les crises du logement et creuse les inégalités.
Daniel Pardo Rivacoba, porte-parole de l'Assemblée des Quartiers pour la Décroissance Touristique à Barcelone, explique : "Un système économique injuste exploite notre ville, ses habitants et la planète pour le profit privé d'une minorité". Selon lui, les manifestations plus virulentes cette année reflètent une détérioration accrue des conditions de vie locales.
Eduardo Santander, PDG de la Commission Européenne du Tourisme, attribue cette explosion touristique au phénomène post-pandémique du "revenge travel". Bien que prévu pour durer deux ans et demi, ce boom persiste avec des chiffres records : 125 millions de visiteurs internationaux en Europe au premier trimestre 2025, dépassant les niveaux pré-pandémiques.
Les conséquences sont palpables. Au Louvre, une grève spontanée a éclaté contre la surpopulation et le sous-effectif chronique. Christian Galani, syndicaliste CGT Culture, décrit des conditions de travail dégradées et des visiteurs de plus en plus agressifs, notamment devant la Joconde où l'attente génère des tensions.
Les organisateurs des protestations précisent que leur colère vise moins les touristes que les décideurs politiques et les géants du secteur accusés de "fuite touristique" - lorsque les revenus profitent à des multinationales étrangères plutôt qu'aux communautés locales. À Barcelone par exemple, les salaires du secteur touristique ne représentent que 60% de la moyenne locale.
Face à cela, des voyagistes comme Intrepid Travel prônent un tourisme responsable : petits groupes, hébergements locaux, évitement des saisons pleines. La Commission Européenne du Tourisme encourage quant à elle à découvrir des alternatives comme la Serbie, la Pologne ou les pays nordiques, moins saturés et plus frais en été.
Santander conseille aussi de s'informer via des canaux officiels plutôt que les réseaux sociaux, parfois manipulateurs. Un équilibre délicat entre droit au voyage et respect des populations locales qui définira l'avenir du tourisme européen.