Une Nouvelle Exposition Met en Lumière les Joyaux Qui Ont Redéfini la Joaillerie
Durant l'été 1957, Elizabeth Taylor se trouvait dans son élément naturel : profitant de la splendeur de la Riviera française. L'icône hollywoodienne, récemment mariée au producteur Mike Todd (son troisième mari sur six), nageait dans la piscine de leur villa lorsqu'elle reçut une surprise inattendue. Son mari lui offrit un collier Cartier orné de diamants étincelants et de rubis rouge vif. « Il tenait un coffret en cuir rouge contenant un collier de rubis qui scintillait sous la lumière chaude », écrivit-elle dans son livre de 2002, Elizabeth Taylor : My Love Affair With Jewelry. « C'était comme le soleil, embrasé d'un feu rouge. » Ce collier fait partie des plus de 350 pièces Cartier actuellement exposées au Victoria and Albert Museum de Londres. Parmi les trésors présentés figurent également la bague de fiançailles de Grace Kelly, une broche en diamants et platine ayant appartenu à Elton John, ainsi qu'une montre-bracelet saphir portée par Jackie Kennedy avant d'être acquise par Kim Kardashian. Cette exposition témoigne du fait que Cartier, depuis des décennies, incarne le luxe et le prestige, tant pour la royauté que pour les stars d'Hollywood et, plus récemment, les célébrités de la télé-réalité. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Conçue par Helen Molesworth et dirigée artistiquement par le designer britannique Asif Khan, l'exposition retrace les origines de Cartier. Fondée en 1847 par Louis-François Cartier, la maison joaillière s'est rapidement imposée comme une référence mondiale sous l'impulsion de ses petits-fils, Louis, Pierre et Jacques. Dès 1909, Cartier avait établi des succursales à Paris, Londres et New York. L'exposition s'ouvre sur le diadème de Manchester, orné de 1 513 diamants blancs et inspiré de l'architecture française du XVIIIe siècle. Commandé en 1903 par la duchesse douairière de Manchester, ce diadème symbolise l'ascension sociale des « dollar princesses » américaines ayant épousé l'aristocratie britannique. Parmi les autres pièces marquantes figure une broche en forme de ruban de dentelle, où les diamants blancs reproduisent avec délicatesse l'effet d'un tissu fluide. Ce qui frappe dans cette exposition, c'est l'étendue de l'influence mondiale de Cartier. En Égypte, la maison s'inspira des scarabées et des divinités lotus. En Inde, ses créations mêlaient émeraudes vertes et rubis écarlates, agrémentés de motifs tels que des cyprès, des panthères ou des cerfs. En Chine, Cartier réinterpréta des créatures mythiques comme le dragon et le phénix, tandis qu'au Japon, des nœuds obi et des motifs floraux ornaient des broches en diamants. Cartier s'engage aujourd'hui en faveur d'un approvisionnement éthique et durable en diamants, mais son histoire reste marquée par son lien avec les pratiques coloniales. L'exposition présente notamment le « Star of the South », un diamant blanc rosé de 128,48 carats découvert en 1853 par une femme esclave au Brésil. Bien que libérée et pensionnée en échange, cette histoire soulève des questions sur l'équité de tels échanges. L'exposition n'élude pas ces aspects sombres. Aujourd'hui, Cartier n'est plus réservé à l'élite. Lancée en 1973, la ligne Must de Cartier a démocratisé l'accès à ses créations, notamment son emblématique motif panthère. Cependant, la magie de Cartier réside dans ses pièces les plus extravagantes, comme le collier serpent commandé par l'actrice mexicaine María Félix en 1968. Composé de 2 473 diamants, il épouse les mouvements naturels du reptile autour du cou. La broche paon, sertie de rubis, saphirs, émeraudes et diamants, fut quant à elle créée sur mesure pour Wallis Simpson, duchesse de Windsor. Parmi les prêts exceptionnels figurent des pièces appartenant au roi Charles III, dont un micro en diamant offert à la reine Elizabeth II adolescente par son père, George VI, pour marquer son premier discours radiophonique. En 1937, Cartier réalisa 27 diadèmes, un record inégalé, portés lors du couronnement de George VI. Ces pièces évoquent des récits cinématographiques, mêlant intrigues aristocratiques et scandales, comme ceux dépeints dans The Crown ou The Gilded Age. On ne peut s'empêcher de penser : si seulement ces diamants pouvaient parler.