L'économie américaine à l'épreuve : la peur des rafles pousse les immigrés à fuir les lieux de travail
L'économie américaine subit les contrecoups des récentes rafles migratoires alors que de nombreux travailleurs immigrés, par crainte d'arrestation, désertent leurs postes. Cette situation met en péril des secteurs clés comme l'agriculture, la construction et la restauration, traditionnellement dépendants de cette main-d'œuvre.
Dix jours après des descentes musclées des services d'immigration à Los Angeles, une résidente légale hispanique témoigne sous anonymat : « Nous nous cachons ». Ce sentiment d'insécurité gagne les communautés immigrées à travers le pays, qu'elles soient en situation régulière ou non.
L'administration Trump intensifie sa campagne de déportations malgré les conséquences économiques prévisibles. Après avoir annoncé des arrestations massives, elle a temporairement exempté certains secteurs avant de faire marche arrière. Cette politique crée une onde de choc dans le marché du travail où les sans-papiers représentent près de 10% des travailleurs.
Les répercussions économiques commencent à se faire sentir. Dans le Texas, des champs restent déserts. En Californie et au Nebraska, la peur des rafles ciblées paralyse des sites de production. Pourtant, ces travailleurs contribuaient significativement à l'économie, ayant payé 96,7 milliards de dollars d'impôts en 2022.
Le dilemme est particulièrement aigu dans l'agriculture. Robert Dickey, producteur de pêches en Géorgie et représentant républicain, soutient l'administration mais craint pour sa main-d'œuvre saisonnière : « Il nous faut ces travailleurs ».
Des experts soulignent l'écart entre la rhétorique anti-immigration et la réalité économique. « Nous n'avons jamais résolu cette contradiction entre le sentiment nativiste et notre dépendance au travail immigré », analyse Leticia Saucedo, professeure de droit à UC Davis.
Certains employeurs, comme Gilberto Alvarez, gérant d'un Denny's près de Los Angeles, tentent de faire face au manque de personnel. D'autres espèrent que la pression des secteurs concernés infléchira la politique gouvernementale.
Pendant ce temps, des travailleurs comme Germán, un Vénézuélien de Boston, vivent dans la peur mais continuent à travailler pour survivre. Même les résidents légaux, à l'instar d'Orfelinda Martinez, citoyenne américaine, limitent leurs déplacements par prudence.
Alors que l'administration Trump promet d'intensifier les rafles dans les « villes sanctuaires », les experts alertent sur les conséquences à long terme. « Nous entrons en territoire inconnu », prévient Andrew Stettner du Century Foundation, craignant un impact durable sur l'économie.
Entre mesures répressives et réalités économiques, les États-Unis semblent devoir repenser leur approche de l'immigration, au risque de déstabiliser des pans entiers de leur économie.