Comment les enseignants combattent la triche par IA avec des travaux manuscrits, des tests oraux et... l'IA elle-même
Le problème est brûlant : les craintes que les outils d'IA générative comme ChatGPT conduisent à une génération d'étudiants tricheurs et plagiaires se sont matérialisées. Face à cette situation préoccupante, les éducateurs déploient des stratégies multiples pour endiguer le phénomène, allant jusqu'à utiliser l'IA contre elle-même.
Gary Ward, enseignant à la Brookes Westshore High School en Colombie-Britannique, témoigne : 'Certains élèves utilisant constamment l'IA semblent incapables de travailler sans elle.' Alors que des alertes sur l'ampleur du problème émergeaient dès 2023, Ward constate aujourd'hui que 'littéralement tous les étudiants' y ont recours.
Pour contrer cette tendance, Ward adopte une approche ingénieuse : il utilise ChatGPT pour concevoir des devoirs difficilement solubles par simple copier-coller dans un modèle linguistique. Une stratégie similaire est mise en œuvre à l'Université métropolitaine de Manchester, où Richard Griffin et son équipe ont développé un outil interne évaluant la 'résistance aux IA' des sujets proposés.
Les méthodes traditionnelles connaissent également un regain d'intérêt. Le retour aux copies manuscrites, même pour des travaux initialement numériques, permet aux enseignants d'analyser l'authenticité des productions. Certains établissements attribuent d'ailleurs un poids accru aux évaluations manuscrites dans la note finale.
Si l'intégration pédagogique de l'IA semble inévitable, les experts s'accordent sur les dangers d'une dépendance précoce, susceptible d'altérer le développement de l'esprit critique et de la créativité. Certains cursus, notamment en commerce, privilégient désormais les interactions réelles avec des clients ou les évaluations orales.
Le combat contre la triche assistée par IA s'annonce durable. L'enjeu est de taille : éviter de former une génération de professionnels incapables de travailler sans l'assistance permanente de ChatGPT.