Airbus envisage d'augmenter la production de ses avions ravitailleurs face à une demande 'très élevée'
PARIS — Airbus étudie la possibilité d'augmenter la production de ses avions ravitailleurs A330 Multi Role Tanker Transport (MRTT) en réponse à une demande "très élevée" de ses clients existants et de nouveaux acheteurs potentiels, a annoncé l'entreprise lors du Salon international de l'aéronautique et de l'espace de Paris-Le Bourget ce mardi. "Face aux signaux envoyés par nos clients, nous envisageons une augmentation du rythme de production des MRTT", a déclaré Jean-Brice Dumont, directeur de la puissance aérienne chez Airbus, lors d'une conférence de presse. "Et quand je dis 'envisager', c'est plus qu'une simple étude."
Actuellement, Airbus produit entre quatre et cinq A330 MRTT par an, mais "nous devrions considérablement augmenter ce chiffre", a ajouté Dumont. "La demande pour ces ravitailleurs est extrêmement forte." L'Agence européenne de défense souligne que l'Europe fait face à un déficit critique en matière de ravitaillement en vol.
Fin avril, Airbus avait livré 36 A330 MRTT à des clients européens, avec six autres en commande, alors que les États-Unis disposent d'une flotte de plus de 400 avions ravitailleurs. Dumont estime qu'il pourrait y avoir un marché pour 10 à 20 appareils supplémentaires en Europe, sans compter la demande internationale, a-t-il confié à Defense News.
Le marché des MRTT est difficile à évaluer car "il est très dynamique", avec une demande qui "ne cesse d'augmenter", a-t-il expliqué. Début juin, la Finlande, la Suède, la Norvège et le Danemark ont signé une lettre d'intention pour participer à la flotte européenne de MRTT de l'OTAN. Le Danemark avait déjà annoncé en mars son intention d'acheter deux MRTT, pour un coût estimé à 7,4 milliards de couronnes danoises (1,1 milliard de dollars) entre 2025 et 2033.
Selon Dumont, Airbus constate un intérêt croissant de la part des pays souhaitant rejoindre le pool européen, des clients individuels cherchant à étendre leur flotte dans le contexte sécuritaire actuel, et de nouveaux clients potentiels. "Un peu de tout", a-t-il résumé. Le Royaume-Uni est le plus grand opérateur européen avec 14 A330 MRTT, tandis que la France en exploite 12, avec trois autres en commande.
Six pays européens, dont les Pays-Bas et l'Allemagne, ont mutualisé leurs besoins au sein de la flotte multinationale de l'OTAN, qui compte neuf appareils avec un supplément en commande. "Une augmentation prévisible du pool est envisagée, car de nombreux pays prennent conscience de leur besoin de déploiement rapide, notamment avec leurs avions de chasse", a déclaré Dumont. "Le pool est une solution."
Parmi les opérateurs internationaux figurent Singapour, la Corée du Sud, l'Australie, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Airbus affirme que l'A330 MRTT détient plus de 90 % de parts de marché hors des États-Unis dans le domaine du ravitaillement en vol.
Dumont a souligné que l'augmentation de la production nécessiterait des investissements pour adapter les outils et résoudre les goulots d'étranglement industriels. Les seuils pourraient être fixés à six, puis huit avions par an. "Ensuite, nous pourrions aller beaucoup plus haut, mais c'est une autre histoire." La question des hangars disponibles se pose également, a-t-il ajouté.
Les A330 sont assemblés en France puis convertis en ravitailleurs à Getafe, près de Madrid. Airbus s'apprête à signer avec le premier client pour la version MRTT+, basée sur l'A330neo, avec des moteurs plus économes et une aile améliorée. Le premier MRTT+ est en production, avec une livraison prévue fin 2028.
Airbus a également présenté de nouvelles capacités pour son A400M, dont une charge utile augmentée de 3 tonnes (40 tonnes au total) et la possibilité de servir de "navire mère" pour drones ou de plateforme de guerre électronique. "Nous testons le largage de drones depuis un A400M, puis leur contrôle", a expliqué Dumont. L'A400M pourrait aussi servir de hub de communication pour le Future Combat Air System européen.
La France et l'Espagne ont accepté d'avancer la livraison de quatre et trois A400M respectivement. Le rythme de production actuel, inférieur aux huit appareils par an jugés soutenables par Airbus, devrait être maintenu jusqu'en 2029. "Nous préférons un système de production stable", a conclu Dumont.