Un Boeing 747 offert par le Qatar : l'administration Trump accepte officiellement le jet présidentiel controversé
L'administration Trump a officiellement accepté un Boeing 747 offert par le gouvernement qatari, a annoncé le Pentagone ce mercredi. Le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a pris possession de cet avion de luxe "conformément à toutes les règles et réglementations fédérales", selon le porte-parole Sean Parnell. Le président Donald Trump souhaite utiliser cet appareil comme nouvel Air Force One, malgré les critiques et les mises en garde d'experts.
Selon un communiqué du Pentagone adressé à CNBC, le département de la Défense veillera à ce que le jet, âgé de 13 ans et estimé à 400 millions de dollars, réponde "aux mesures de sécurité appropriées et aux exigences fonctionnelles de la mission". Cette annonce confirme l'intention du gouvernement américain d'accepter ce cadeau controversé, malgré les accusations de corruption formulées par les démocrates.
Lors d'un échange tendu dans le Bureau ovale mercredi, Trump a qualifié ce don de "chose formidable", affirmant que le Qatar offrait cet avion "pour nous aider". Ces déclarations sont intervenues lors d'un débat animé avec le président sud-africain Cyril Ramaphosa au sujet des allégations non fondées de Trump concernant un prétendu "génocide" contre les Blancs en Afrique du Sud.
Boeing travaille depuis des années à la conversion de deux 747 en nouveaux Air Force One dans le cadre d'un contrat signé pendant le premier mandat de Trump. Cependant, le projet accuse un retard important et les avions pourraient ne pas être prêts avant la fin d'un éventuel second mandat. Trump a exprimé sa frustration face à ces retards, déclarant mercredi : "Boeing est un peu en retard, malheureusement".
Kelly Ortberg, PDG de Boeing, a indiqué en avril que le programme Air Force One était en cours de révision pour "permettre une première livraison plus précoce tout en maintenant notre focus sur la sécurité et la qualité". Cependant, les experts doutent que l'avion qatari puisse constituer une solution rapide, estimant que sa conversion en Air Force One pourrait coûter plus d'un milliard de dollars aux contribuables et prendre plusieurs années.
Ce cadeau a suscité de vives critiques, notamment de la part des démocrates qui y voient une forme de corruption. Le chef de la minorité sénatoriale Chuck Schumer (D-NY) a qualifié cette action de "tache sur la présidence" et a promis de bloquer les nominations politiques de Trump au ministère de la Justice tant que les Américains n'auront pas "plus de transparence sur ce marché douteux".
Certains républicains ont également exprimé des inquiétudes. La sénatrice Susan Collins (R-Maine) a déclaré jeudi que cette transaction lui semblait "pleine de problèmes d'espionnage politique, éthiques et constitutionnels". Face à ces critiques, Trump a défendu à plusieurs reprises l'acceptation de cet avion, affirmant qu'il serait "stupide" de refuser un jet gratuit et insistant sur le fait qu'il reviendrait au gouvernement américain, "pas à moi".
Ce dossier intervient dans un contexte où Boeing peine à honorer son contrat initial pour les nouveaux Air Force One, avec des retards considérables qui pourraient empêcher la livraison avant 2024. La solution qatarie, bien que controversée, apparaît pour l'administration Trump comme une alternative potentielle à ce retard coûteux.
Les questions de sécurité nationale et les implications géopolitiques de ce cadeau continuent de susciter des débats au Congrès. Alors que l'administration insiste sur le respect des procédures légales, les opposants politiques dénoncent un précédent dangereux dans les relations internationales et les conflits d'intérêts potentiels.