Agriculture sous tension : les raids migratoires plongent le secteur dans l'incertitude
L'industrie agricole américaine, qui emploie un grand nombre de travailleurs sans statut légal, est confrontée à une vague d'opérations d'immigration ciblant fermes et usines de conditionnement de viande. Ces raids, menés par les services de l'immigration sous l'administration Trump, créent un climat de peur parmi les travailleurs et posent des défis majeurs aux exploitants.
Le 11 juin 2024, plus de 70 arrestations ont eu lieu dans une usine de conditionnement de viande à Omaha, Nebraska, tandis que des fermes au nord de Los Angeles étaient également visées. Ces opérations marquent un tournant après des mois de signaux contradictoires de l'administration sur sa politique migratoire dans le secteur agricole.
Le président Trump a pourtant affirmé vouloir protéger les travailleurs agricoles, déclarant qu'une solution pourrait être trouvée prochainement. Cependant, d'autres membres de son administration, comme la secrétaire à la Sécurité intérieure Kristi Noem, maintiennent une ligne dure, affirmant que toute personne sans statut légal doit quitter le pays.
Le secteur agricole dépend largement d'une main-d'œuvre immigrée, avec environ 42% des travailleurs agricoles sans papiers selon le Département de l'Agriculture. Les visas H-2A, destinés aux travailleurs saisonniers, ne couvrent qu'une fraction des besoins, notamment pour les exploitations nécessitant une main-d'œuvre annuelle comme les laiteries.
Les employeurs agricoles expriment leurs préoccupations face à ces raids, craignant des perturbations majeures dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire. Certains ont même refusé l'accès aux agents fédéraux sans mandat, connaissant leurs droits.
Alors que des membres du Congrès républicains s'interrogent sur la priorité donnée aux arrestations de personnes sans casier judiciaire, le débat sur une réforme des visas agricoles reste entier. Les exploitants plaident pour une adaptation du système actuel, jugé trop rigide et coûteux.
Malgré les craintes, les travailleurs continuent de se rendre au travail, même dans un climat de peur. Les défenseurs des droits des immigrés mettent en garde contre l'impact dévastateur que pourraient avoir des déportations massives sur les communautés rurales et l'économie agricole du pays.