Tensions géopolitiques au Salon du Bourget : la France ferme cinq stands israéliens pour exposition d'armes offensives
Le Salon international de l'aéronautique et de l'espace de Paris a été marqué par des tensions géopolitiques dès son ouverture ce lundi 19 juin. Les autorités françaises ont fait fermer cinq stands d'entreprises israéliennes de défense, une décision qualifiée d'"outrageante" par Israël. Cette mesure intervient dans un contexte de conflits en Iran et à Gaza, et ajoute une dimension dramatique à cet événement majeur du secteur aérospatial, déjà ébranlé par le récent crash mortel d'un Boeing 787 Dreamliner d'Air India.
Sur place, un journaliste du Monde a constaté que les stands des exposants Israel Aerospace Industries (IAI), Rafael, UVision, Elbit et Aeronautics étaient isolés par des cloisons noires et rendus inaccessibles. Selon les autorités françaises, ces entreprises exposaient des armes "offensives", susceptibles d'être utilisées dans la bande de Gaza, en violation du cadre convenu à l'avance avec les autorités israéliennes.
Le ministère français des Affaires étrangères a confirmé à l'AFP avoir établi un cadre clair interdisant l'exposition d'armes offensives, accepté par l'ambassade d'Israël à Paris. Le Premier ministre François Bayrou a défendu cette décision lors d'une conférence de presse, soulignant que seules les armes défensives étaient autorisées. Il a justifié cette mesure par la situation "extrêmement grave" à Gaza sur les plans humanitaire et sécuritaire.
En réaction, le président israélien Isaac Herzog a dénoncé une décision "outrageante" qui devrait être "immédiatement corrigée". Le ministère israélien de la Défense a parlé d'une décision "sans précédent" guidée par des considérations politiques et commerciales. Un exposant israélien a même écrit à la craie sur un mur que ces systèmes de défense "protègent actuellement l'État d'Israël".
La présence réduite mais controversée des entreprises israéliennes au Bourget avait déjà suscité des tensions avant l'ouverture du salon, dans le contexte du conflit à Gaza. La semaine dernière, un tribunal français avait rejeté une demande d'ONG visant à interdire ces entreprises pour risque de "crimes internationaux". Des élus locaux de Seine-Saint-Denis ont boycotté l'inauguration en signe de protestation.
Dans ce contexte tendu, François Bayrou a appelé les nations à affronter ensemble les défis mondiaux, soulignant que "jamais le monde n'a été aussi perturbé et déstabilisé". Cette affaire illustre les complexités géopolitiques qui pèsent sur les salons d'armement internationaux.