L'Europe peut-elle vaincre la crise du surtourisme ? Des solutions émergent
L'Europe est-elle capable de surmonter la crise du surtourisme ? Les protestations anti-tourisme de l'année dernière ont fait les gros titres. Cet été, les tensions reviennent, mais des solutions émergent pour rééquilibrer le système. Des milliers de personnes ont manifesté aux îles Canaries cette année contre le tourisme de masse. Une nouvelle vague de protestations est prévue dans le sud de l'Europe cet été. Pourtant, des signes de progrès apparaissent. À travers l'Europe, de nouvelles initiatives visent à concilier tourisme et besoins des résidents locaux, en abordant les pressions environnementales, sociales et économiques du surtourisme. Les voyageurs prennent conscience de leur impact, tandis que les communautés locales poussent les autorités à agir. Voici comment trois destinations innovent pour une saison touristique plus durable.
Suisse : trains et taxes au service du tourisme durable Le réseau ferroviaire suisse fonctionnera entièrement à l'hydroélectricité cette année dans le cadre de la stratégie Swisstainable, qui vise à mieux répartir le tourisme géographiquement et saisonnièrement. Face aux saisons de ski menacées par le réchauffement et aux glaciers vulnérables, la Suisse mise sur les transports publics. Le site Swisstainable propose des réductions sur les transports pour les clients d'hôtels certifiés. Des campagnes avec Roger Federer promeuvent le hors-saison, tandis que remontées mécaniques et hôtels saisonniers prolongent leurs activités. Bien qu'hors du top 10 des destinations surtouristiques, la Suisse gère des points chauds comme Lauterbrunnen grâce à des taxes touristiques et infrastructures améliorées.
Espagne : la data pour réguler les flux touristiques Épicentre du débat sur le surtourisme, l'Espagne reste la première destination des touristes britanniques en 2024. Face aux tensions dans les îles Canaries et Baléares, le pays agit rapidement : suppression de 66 000 locations Airbnb illégales, limitation des influenceurs sur les petites plages. Une plateforme numérique surveille en temps réel la fréquentation des plages, la qualité de l'air et même la présence de méduses. Les professionnels du tourisme utilisent ces données via l'application Smart Destinations pour orienter les visiteurs. Le gouvernement répartit aussi les flux vers de nouvelles régions et mise sur les Paradores (hôtels historiques) pour diversifier l'offre au-delà des plages.
Berlin : récompenser les touristes écoresponsables Inspiré par CopenPay, Berlin développe son propre système de récompenses pour les touristes durables : visites guidées gratuites, réductions sur les attractions en échange de participation à des actions écologiques. La ville promeut ses éco-hôtels, boutiques durables et pistes cyclables. Son concept innovant de "ville en 15 minutes" permet aux visiteurs de tout trouver à pied ou à vélo depuis leur hôtel, réduisant leur empreinte carbone. Malgré ces avancées, le transport aérien et maritime reste un défi majeur non résolu.
Les protestations devraient continuer cet été en Espagne, où les solutions prennent du temps à produire effet. Comme le souligne Jessica Harvey du bureau du tourisme espagnol : "Il ne s'agit pas de cibler les touristes britanniques, mais de préserver la qualité de vie des habitants". La question reste ouverte : parlera-t-on encore du surtourisme aux Canaries dans 10 ans ?