Floride : une opération « anti-traite » qui cible en réalité les travailleurs du sexe
Une récente opération dite de « lutte contre la traite des êtres humains » dans le comté de Polk, en Floride, a abouti à 244 arrestations – mais aucune pour traite. Cette situation n'est malheureusement pas isolée : de plus en plus de juridictions procèdent à des rafles de travailleurs du sexe et de leurs clients sous couvert de lutte contre la traite, souvent avec l'appui du gouvernement fédéral. Baptisée « Fool Around and Find Out », cette opération a mobilisé l'ICE (Immigration and Customs Enforcement), le Département de la Sécurité intérieure et la Division des enquêtes criminelles de l'armée américaine, ainsi qu'une douzaine de services de police locaux.
Parmi les cibles figuraient non seulement des adultes engagés dans des activités sexuelles consenties, mais aussi des migrants en situation irrégulière. Le bureau du shérif du comté de Polk (PCSO) a précisé que 36 des personnes arrêtées étaient « en situation irrégulière » et a publié leurs photos, certaines encadrées de couleurs pour indiquer leur statut migratoire ou leur recours aux aides sociales.
L'arrestation de l'ancien joueur de NFL Adarius Taylor a propulsé l'affaire sur le devant de la scène nationale. Le shérif Grady Judd profite régulièrement de ce type d'opérations pour se présenter en héros de la lutte contre la traite, alors qu'aucune inculpation pour ce crime n'a été retenue. Les charges concernent principalement la sollicitation de prostitution, son exercice ou son facilitation – des délits bien distincts de la traite, qui implique coercition ou violence.
Sur les 244 arrestations, 93 concernaient des travailleurs du sexe présumés et 141 des clients potentiels. Dix personnes ont été interpellées pour avoir facilité ces activités. La majorité des charges (284) étaient des délits, contre 102 crimes. L'implication de l'ICE suggère que le contrôle migratoire était un objectif sous-jacent, une motivation fréquente derrière ce type d'opérations.
Le PCSO n'a pas hésité à ajouter une touche de moralisme, soulignant que certains suspects avaient menti à leurs partenaires sur leurs activités et que 22 bénéficiaient d'aides publiques. En fin de communiqué, le shérif Judd a tenté de brouiller les pistes en évoquant 11 arrestations pour sollicitation de mineurs – en réalité issues d'une opération distincte, « Operation Child Protector VI ».
Par ailleurs, l'article aborde d'autres actualités : le procès des dirigeantes de OneTaste, accusées de travail forcé malgré des témoignages contradictoires ; la promulgation de la loi TAKE IT DOWN contre la pornographie de revanche ; l'avancée de projets de loi restrictifs sur les réseaux sociaux au Texas et au Nebraska ; et le coming out « éthiquement non-monogame » d'une candidate en Virginie.
Enfin, un projet de loi au Nevada visant à protéger les travailleurs du sexe appelant les secours médicaux progresse malgré l'opposition policière, tandis qu'au Texas, une proposition de responsabiliser les librairies pour la diffusion de contenus jugés nocifs aux mineurs semble enterrée. Le groupe NCOSE a par ailleurs engagé des poursuites contre des plateformes pornographiques au Kansas pour non-respect de la vérification d'âge.