L'Inversion de Robin des Bois : La Totalitarisme Trumpiste et son Monstre Fiscal
Les républicains de la Chambre ont adopté la loi intitulée « One Big Beautiful Bill Act » de Trump. Après des décennies à couvrir les politiques intérieures républicaines, je pensais avoir tout vu. Mais ce projet de loi est d'une régressivité si cruelle qu'il m'a choqué. Sans précédent, il retire aux plus démunis pour donner aux ultra-riches. Il réduit Medicaid, privant des millions de soins de santé, et coupe les coupons alimentaires, condamnant beaucoup à la faim, tout en accordant d'énormes réductions d'impôts aux plus aisés. Les nouvelles estimations du Bureau du budget du Congrès (CBO), une agence non partisane, confirment à quel point cette loi est désastreuse. Les chiffres publiés hier sont stupéfiants : les 10 % les plus pauvres subiront une baisse de 4 % de leur pouvoir d'achat, un choc comparable à une grave récession. Pire encore, ces coupes pour les plus modestes s'accompagnent de réductions d'impôts pour les plus riches, creusant ainsi le déficit budgétaire. Et ce n'est pas tout : l'analyse du CBO ne tient pas compte des effets des tarifs douaniers de Trump, des taxes régressives qui pèsent davantage sur les foyers modestes. Selon le Yale Budget Lab, leur impact combiné avec la loi aggrave encore la situation : les 10 % les plus pauvres perdront 6,5 % de leurs revenus, et 80 % des ménages seront perdants. Seuls les 10 % les plus riches y gagnent, malgré l'explosion du déficit. Les républicains rejettent ces estimations, répétant le mythe selon lequel les baisses d'impôts pour les riches stimuleront la croissance – une affirmation maintes fois démentie. La réalité est implacable : cette loi est un « Robin des Bois à l'envers », volant aux pauvres pour donner aux riches tout en aggravant la dette. Comment un parti peut-il imaginer s'en tirer en spoliant 80 % de la population ? La réponse réside dans son mépris croissant pour la démocratie. Les élus ont voté cette loi impopulaire par peur de Trump ou par conviction que les élections ne seront plus justes. Le nom même du projet de loi, « One Big Beautiful Bill Act », reflète une soumission grotesque au leader, rappelant les pires excès des régimes autoritaires. Comme l'écrivait Kundera, c'est du « kitsch totalitaire » : une autocritique performative pour plaire au dictateur. Washington ressemble désormais à un Pyongyang sur le Potomac, où la survie politique dépend de la flagornerie.