Ghana et Zambie tournent le dos à la banque de développement africaine : une décision aux conséquences désastreuses
Les gouvernements du Ghana et de la Zambie ont pris une décision aux répercussions potentiellement graves pour les autres pays africains. Ils ont décidé de rétrograder la Banque africaine d'import-export (Afreximbank) au statut de créancier commercial ordinaire, lui retirant ainsi son statut privilégié de créancier préférentiel. Cette décision modifie fondamentalement les conditions de remboursement et supprime des protections cruciales pour l'institution financière panafricaine.
En tant que créancier préférentiel, Afreximbank bénéficiait jusqu'à présent d'un remboursement prioritaire avant les autres créanciers. Ce mécanisme protégeait sa stabilité financière et lui permettait de continuer à prêter pendant les crises économiques. Le nouveau statut commercial expose désormais la banque à des risques accrus de non-paiement ou de retard de paiement.
Selon l'auteur, expert des marchés financiers africains, ce précédent pourrait s'avérer catastrophique à long terme. Si d'autres pays africains emboîtent le pas, cela saperait la viabilité des institutions financières multilatérales du continent. Les investisseurs pourraient revoir à la hausse le profil de risque d'Afreximbank, augmentant ainsi son coût de financement et réduisant sa capacité à octroyer des prêts abordables.
Fondée en 1993 sous les auspices de la Banque africaine de développement, Afreximbank joue un rôle vital dans le financement du commerce intra-africain, les infrastructures et la réponse aux crises. Son statut juridique particulier, ancré dans les traités internationaux ratifiés par ses membres, justifie pleinement son traitement préférentiel.
La décision ghanéenne et zambienne traduit une méfiance inquiétante envers les institutions financières africaines, au profit des créanciers internationaux comme le FMI ou la Banque mondiale. Cette approche compromet gravement l'autonomie financière du continent et le principe des solutions africaines aux problèmes africains.
Pourtant, Afreximbank a fait ses preuves. Durant la pandémie de COVID-19 et la crise des matières premières de 2015-2016, elle a maintenu ses financements lorsque les marchés internationaux se fermaient. Elle a notamment accordé 750 millions de dollars au Ghana et 45 millions à la Zambie en pleine crise de liquidités.
Les deux pays ont encore la possibilité de revenir sur leur décision. Préserver le statut d'Afreximbank renforcerait non seulement leur crédibilité, mais aussi la solidarité financière africaine. Le traitement équitable des institutions panafricaines est essentiel pour construire une véritable souveraineté économique continentale.