Guerre législative : Le Congrès américain s'attaque à l'interdiction des lois sur l'IA
Un moratoire controversé sur la régulation étatique de l'intelligence artificielle, intégré dans un projet de loi fédéral, déclenche une bataille politique acharnée à Washington. Ce texte, qui gèle pendant 10 ans toute régulation locale des systèmes d'IA, divise profondément démocrates et républicains, tandis que l'industrie technologique prend position.
Amba Kak, directrice exécutive de l'AI Now Institute, qualifie cette mesure d'«absurde», estimant qu'elle annihile les protections existantes en matière de reconnaissance faciale ou de vie privée. Testant devant le Congrès, elle dénonce une tentative de «remonter le temps et de le figer» dans un vide régulatoire.
Le débat oppose deux visions : les républicains et certains dirigeants tech comme Sam Altman (OpenAI) y voient un moyen d'éviter un patchwork législatif handicapant face à la Chine. Les démocrates et chercheurs craignent au contraire un laisser-faire dangereux sur des technologies incontrôlables.
L'industrie est divisée. Si Google et Microsoft gardent le silence, Anthropic critique un outil «trop brutal» dans le New York Times, plaidant pour des standards fédéraux de transparence. Pourtant, comme le note Kak, «nous n'avons aucun standard fédéral» crédible après dix ans d'inaction.
Les opposants soulignent que seules 75 lois locales sur l'IA ont été adoptées en 2025 - loin du «patchwork» invoqué. Le texte pourrait surtout bloquer des régulations cruciales sur les droits civiques ou la santé, sous couvert d'«IA».
Au Sénat, le démocrate Ed Markey promet de combattre «avec tous les outils» ce moratoire qu'il juge «irresponsable». 260 élus locaux et des ONG montent au créneau, tandis que des républicains comme Marjorie Taylor Greene font volte-face.
Alors que le Comité du Commerce propose un compromis liant le moratoire aux fonds fédéraux, la bataille contre la règle Byrd - interdisant les clauses non budgétaires - s'annonce serrée. Dans un secteur qui pèsera 1.000 milliards d'ici 2030, ce bras de fer pourrait sceller l'avenir régulatoire de l'IA américaine.