Pourquoi Kevin Scott de Microsoft ne recrute pas des humains robotiques : Le regard d'un pionnier de l'IA sur l'avenir du travail
Kevin Scott, directeur technique de Microsoft et figure respectée de la Silicon Valley, partage sa vision humaniste de la technologie et explique pourquoi il ne recrute pas des profils trop "robotiques". Dans cet entretien exclusif, il évoque l'évolution de l'intelligence artificielle, les défis énergétiques et sa conviction que l'IA peut résoudre des problèmes sociétaux majeurs.
Originaire d'une petite ville de Virginie, Scott a gravi les échelons sans diplôme prestigieux. Son livre "Reprogramming the American Dream" explore comment l'IA peut revitaliser l'Amérique. Son atelier à Los Gatos, rempli de gadgets high-tech et d'outils traditionnels, reflète sa curiosité insatiable qui le maintient ancré dans l'humanité malgré l'automatisation croissante.
Lors de Microsoft Build cette année, Scott encouragera les participants à laisser libre cours à leur imagination. Il met en garde contre les raisonnements trop conservateurs : "Si vous attendez qu'une technologie soit parfaite, l'écosystème vous aura déjà dépassé". Selon lui, le coût et les limitations actuelles ne doivent pas freiner l'innovation.
Un défi majeur actuel concerne l'optimisation énergétique des data centers. Avec l'explosion de la demande en calculs d'inférence depuis GPT-4, Microsoft a développé des solutions IA pour maximiser l'utilisation énergétique. "Nous utilisons l'IA elle-même pour récupérer chaque watt perdu", explique Scott, évoquant un gain de centaines de mégawatts.
Scott est particulièrement enthousiaste sur l'émergence d'un "web agentique" où des logiciels autonomes pourront effectuer des tâches complexes. Le prochain défi ? La mémoire des agents. Microsoft travaille sur une technologie appelée "structured RAG" qui permettra aux agents de mémoriser leurs actions avec une précision surhumaine.
Optimiste sur l'IA, Scott estime qu'on sous-estime son potentiel pour résoudre des problèmes publics comme la santé ou le changement climatique. "L'IA et l'informatique quantique pourraient révolutionner la capture du carbone", affirme-t-il, appelant les gouvernements à adopter une vision moins conflictuelle de ces enjeux.
L'éducation est un autre domaine où Scott voit un besoin urgent de changement. Il critique un système scolaire "encore conçu pour la révolution industrielle". Pourtant, il reste optimiste, citant l'exemple de sa fille de 16 ans qui a développé une application mobile complexe sans formation préalable, grâce aux nouveaux outils IA.
Pour les jeunes diplômés en informatique, Scott se veut rassurant : "Chaque gain de productivité dans l'histoire a finalement créé plus de demandes pour les programmeurs". Chez Microsoft, il cherche désormais des profils curieux, créatifs et capables de penser hors des sentiers battus - tout sauf des "humains robotiques".
En conclusion, Scott voit dans l'IA non pas une menace pour l'humanité, mais un outil pour nous rendre plus humains, en nous libérant des tâches répétitives pour nous concentrer sur ce qui compte vraiment. Son approche combine vision technologique audacieuse et ancrage dans les réalités humaines, reflet d'un parcours atypique dans la tech.