La réforme fiscale de Trump pourrait pénaliser les entreprises étrangères, freinant les investissements internationaux
Le président américain Donald Trump affirme régulièrement attirer des milliers de milliards de dollars d'investissements étrangers. Pourtant, une disposition de son projet de loi fiscale pourrait dissuader les entreprises internationales de s'implanter aux États-Unis. Adoptée par la Chambre des représentants, cette mesure autoriserait le gouvernement fédéral à imposer des taxes sur les sociétés étrangères originaires de pays jugés pratiquer une fiscalité "inéquitable" envers les entreprises américaines. Baptisée Section 899, cette clause pourrait décourager les investissements par crainte de taxes élevées. Son sort repose désormais entre les mains du Sénat, suscitant un débat sur ses conséquences potentielles.
Une analyse récente du Global Business Alliance, un groupe commercial représentant des multinationales comme Toyota et Nestlé, estime que cette disposition coûterait aux États-Unis 360 000 emplois et 55 milliards de dollars de PIB annuel sur dix ans. Elle pourrait également réduire d'un tiers la croissance économique attendue des réductions d'impôts globales, selon le Comité mixte du Congrès sur la fiscalité. "Bien que ses partisans présentent cette hausse punitive comme une mesure de rétorsion contre des gouvernements étrangers, ce rapport confirme que les véritables victimes seraient les travailleurs américains", a déclaré Jonathan Samford, PDG du Global Business Alliance.
Le républicain Jason Smith, président de la commission des finances à la Chambre, défend cette disposition comme un outil permettant de protéger les intérêts américains contre les pays dont la fiscalité désavantage les entreprises US. "Si ces pays modifient leur comportement fiscal, nous aurons atteint notre objectif", a-t-il déclaré, appelant le Sénat à adopter rapidement le texte.
Cette taxe révèle une contradiction dans la politique économique de Trump, qui combine volonté de taxer davantage les importations et profits étrangers avec des appels aux investissements internationaux. Fin mai, le président avait justifié sa stratégie en affirmant que ses droits de douane incitaient les pays à investir directement aux États-Unis. Pourtant, les données gouvernementales ne montrent pas d'augmentation significative des investissements dans les nouvelles usines.
Plusieurs groupes industriels, dont le Global Business Alliance, ont alerté les sénateurs républicains sur les risques économiques de la Section 899. L'Investment Company Institute a mis en garde contre une possible réduction des investissements étrangers, pourtant moteur de croissance des marchés financiers américains. L'analyse d'EY souligne par ailleurs l'incertitude quant à l'application concrète de ces taxes, qui pourraient cibler notamment les entreprises du numérique basées en Europe.
Chye-Ching Huang, de la NYU Tax Law Center, critique une stratégie risquée qui pourrait amplifier les dommages de la guerre commerciale. Les conséquences politiques pourraient également être sensibles dans des États-clés comme la Floride ou la Pennsylvanie, où des dizaines de milliers d'emplois pourraient être menacés selon les estimations.