Boom énergétique de 3 300 milliards de dollars : Les énergies renouvelables en hausse malgré les goulots d'étranglement du réseau
Les investisseurs misent massivement sur les énergies renouvelables, avec des projections atteignant 2 200 milliards de dollars cette année, soit plus du double des investissements dans les combustibles fossiles. Cela représente plus de 40 % des 3 300 milliards de dollars estimés pour le secteur énergétique mondial. L'énergie solaire se distingue particulièrement, avec des attentes d'investissement de 450 milliards de dollars. Ces flux financiers sans précédent ne façonnent pas seulement les marchés de l'énergie, ils marquent un tournant dans la transition énergétique mondiale, où l'énergie propre dépasse désormais les combustibles fossiles en tant que priorité économique.
Fatih Birol, directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), souligne que la sécurité énergétique est la principale raison pour laquelle la communauté mondiale a attiré 3 300 milliards de dollars. Malgré les incertitudes géopolitiques et économiques, la Chine mène les investissements mondiaux en énergie, en particulier dans les renouvelables, avec des montants équivalents à ceux des États-Unis et de l'Union européenne réunis. Au cours de la dernière décennie, la part de la Chine dans les dépenses mondiales d'énergie propre est passée d'un quart à près d'un tiers, grâce à des investissements dans le solaire, l'éolien, l'hydroélectricité, le nucléaire, les batteries et les véhicules électriques.
Les investissements dans les combustibles fossiles, autrefois 30 % supérieurs à ceux dans la production d'électricité, les réseaux et le stockage, ont connu un renversement en 2025 : les investissements dans la production d'électricité sont désormais 50 % plus élevés que ceux consacrés au charbon, au pétrole et au gaz naturel. Bien que les investissements dans le stockage par batterie soient plus modestes (65 milliards de dollars), ils jouent un rôle crucial pour permettre aux énergies renouvelables intermittentes de fournir une alimentation continue. Par ailleurs, l'énergie nucléaire gagne du terrain, avec des investissements attendus à 75 milliards de dollars d'ici 2025, tandis que ceux dans le secteur pétrolier et gazier devraient diminuer de 6 % cette année.
La question centrale reste la capacité du réseau à absorber cette nouvelle capacité. L'essor de l'intelligence artificielle, des centres de données et des véhicules électriques, alimentés par des énergies durables, exige au moins un doublement de la capacité de transmission régionale. Selon l'AIE, l'IA et les centres de données représenteront à eux seuls jusqu'à 4 % de la consommation mondiale d'électricité d'ici 2030, accélérant ainsi l'urgence de moderniser les réseaux. Le Brattle Group estime que 2 000 milliards de dollars seront nécessaires d'ici 2030 pour moderniser les infrastructures, alors que les investissements actuels ne dépassent pas 400 milliards de dollars par an.
Les réseaux électriques sont devenus un goulot d'étranglement pour la transition énergétique, mais les investissements augmentent, portés par de nouvelles politiques et financements en Europe, aux États-Unis, en Chine et dans certaines régions d'Amérique latine. Les économies avancées et la Chine représentent 80 % des dépenses mondiales dans les réseaux. En Amérique latine, les investissements ont presque doublé depuis 2021, notamment en Colombie, au Chili et au Brésil. Cependant, ils restent insuffisants dans d'autres régions.
Le retrait des États-Unis des négociations climatiques mondiales pourrait réduire le soutien fédéral aux technologies propres tout en favorisant les combustibles fossiles, créant ainsi des incertitudes pour les entreprises et retardant des projets clés. Cependant, les politiques étatiques et les mandats des services publics continueront de stimuler le mouvement vers les énergies propres. Par ailleurs, l'économie de marché, qui privilégie les combustibles les moins chers et les moins polluants, reste une force puissante. Des entreprises comme Amazon, Google, Microsoft, Walmart, Target, Ikea, General Motors, Boeing et Ford investissent massivement dans les renouvelables.
Selon l'ONU, l'électricité bon marché provenant de sources renouvelables pourrait fournir 65 % de l'approvisionnement électrique mondial d'ici 2030 et décarboner 90 % du secteur énergétique d'ici 2050, réduisant ainsi considérablement les émissions de carbone. Les énergies renouvelables sont désormais le principal moteur des investissements dans le secteur énergétique, et leur viabilité ne cesse de croître. Avec des coûts en baisse et une échelle en expansion, elles sont appelées à dominer la transition énergétique mondiale.