Kashmir en conflit inaugure le plus haut pont ferroviaire du monde, symbole de puissance et de tensions
Le plus haut pont ferroviaire du monde, une prouesse d'ingénierie audacieuse enjambant une vallée montagneuse du Cachemire, a été inauguré vendredi par le Premier ministre indien Narendra Modi. Cet événement survient quelques semaines après un massacre meurtrier de touristes dans cette région himalayenne, qui avait ravivé les tensions avec le Pakistan voisin.
La visite de Modi au Cachemire administré par l'Inde est sa première depuis le bref mais violent conflit indo-pakistanais d'avril. Les deux voisins nucléarisés s'étaient alors livrés à des échanges de missiles, de drones et de tirs d'artillerie pendant quatre jours, New Delhi accusant Islamabad du massacre - ce que le Pakistan nie.
Avec une arche culminant à 359 mètres au-dessus de la rivière Chenab (soit 29 m de plus que la tour Eiffel), ce pont pharaonique de 1 315 m de long représente un investissement de plus de 160 millions de dollars. Il s'inscrit dans le premier projet ferroviaire reliant le Cachemire au reste de l'Inde.
Le gouvernement nationaliste hindou de Modi œuvre à l'intégration de cette région à majorité musulmane, notamment en abrogeant en 2019 son statut d'autonomie législative. Le Cachemire, l'une des zones les plus militarisées au monde, est revendiqué par l'Inde, le Pakistan et la Chine.
Outre le pont Chenab, Modi a inauguré la ligne ferroviaire Udhampur-Srinagar-Baramulla, connectant les principales villes du Cachemire indien. Ces infrastructures symbolisent la vision intégrationniste et nationaliste du Premier ministre, au pouvoir depuis 2014.
En 2019, New Delhi a divisé l'ancien État du Jammu-et-Cachemire en deux territoires sous administration directe, arguant de gains en stabilité et développement. Ces projets s'inscrivent dans l'ambition indienne de devenir une nation développée d'ici 2047.
Cependant, les mégaprojets himalayens du gouvernement - dont le pont Chenab - font face aux critiques d'écologistes dénonçant leur impact sur des écosystèmes fragiles. Des accidents récents, comme l'effondrement d'un tunnel en construction en 2023 ayant piégé des ouvriers, soulèvent aussi des questions sur les normes de sécurité.