Dans les coulisses d'une réunion secrète où les mathématiciens ont tenté de surpasser l'IA
Le 6 juin 2025 - En mai dernier, une trentaine des plus éminents mathématiciens du monde se sont réunis secrètement à Berkeley, en Californie, pour un duel inédit contre une intelligence artificielle. Pendant deux jours, ils ont confronté le chatbot o4-mini d'OpenAI à des problèmes mathématiques complexes, espérant mettre en échec ses capacités de raisonnement. À leur grande surprise, l'IA a résolu certaines des questions les plus difficiles, démontrant une aptitude proche du "génie mathématique".
L'événement, organisé par Epoch AI, visait à évaluer les progrès des modèles de langage dans le domaine du raisonnement mathématique. Le chatbot o4-mini, spécialement entraîné pour effectuer des déductions complexes, a surpassé les attentes en résolvant environ 20% des problèmes du benchmark FrontierMath, incluant des défis de niveau recherche.
Ken Ono, mathématicien à l'Université de Virginie et juge lors de la rencontre, raconte son expérience troublante : après avoir soumis une question ouverte en théorie des nombres, il a vu l'IA maîtriser la littérature en deux minutes, proposer une version simplifiée du problème, puis fournir une solution correcte en dix minutes - un travail qui prendrait des semaines à un humain.
Les participants, liés par des accords de confidentialité stricts, ont finalement réussi à concevoir 10 questions résistant à l'IA. Mais cette performance exceptionnelle soulève des questions sur l'avenir des mathématiciens. Yang Hui He du London Institute compare o4-mini à "un très bon étudiant en doctorat, voire mieux".
Les chercheurs s'inquiètent notamment de la confiance excessive qu'on pourrait accorder aux résultats de l'IA, qualifiant son style de "preuve par intimidation". Ils envisagent déjà un "niveau 5" de problèmes insolubles même par les meilleurs humains - un seuil qui redéfinirait radicalement leur rôle.
Ono conclut : "C'est une grave erreur de penser que l'intelligence générale artificielle n'arrivera jamais. Ces modèles surpassent déjà nos meilleurs étudiants." Une prise de conscience qui, selon lui, doit conduire à repenser l'enseignement des mathématiques autour de la créativité.