Ce nouveau resort sud-africain réinvente le safari de luxe
Lorsque Sarah Dusek a quitté le Montana pour s'installer au Cap, elle pensait avoir rangé ses gants d'hôtelière. La cofondatrice d'Under Canvas, une collection de camps de tentes en bordure des parcs nationaux américains, avait vendu son entreprise et quitté son poste de PDG. Son projet était de se consacrer à un nouveau business - un fonds de capital-risque soutenant les entrepreneuses sud-africaines - tout en profitant de cette région du monde dont elle était tombée amoureuse vingt ans plus tôt lors d'une mission humanitaire au Zimbabwe.
Pourtant, tout a changé lorsqu'elle et son mari ont découvert un vaste terrain de 5 000 hectares dans le Limpopo, une région sauvage du nord-est de l'Afrique du Sud. Malgré son éloignement (deux vols puis un trajet chaotique en voiture), le coup de foudre fut immédiat : "Les paysages étaient à couper le souffle, avec une biodiversité préservée", se souvient Dusek. Cet ancien terrain de chasse, entouré de voisins partageant leur vision conservationniste, les a convaincus d'y créer le lodge Luvhondo.
Le défi était de taille : implanter un établissement cinq étoiles dans une zone reculée au tourisme quasi inexistant. Mais pour les Dusek, c'était justement l'occasion de protéger ce territoire menacé par l'exploitation minière. Le camp de six tentes luxueuses, construit en matériaux durables sur les fondations d'un ancien lodge de chasse, mise sur un tourisme responsable avec un programme de crédits carbone.
Pour attirer les visiteurs malgré la faible densité animale, le couple a misé sur des expériences uniques : un chef étoilé proposant une cuisine raffinée en pleine brousse, et bientôt un téléphérique solaire permettant d'explorer canyons et cascades. Ils envisagent aussi d'agrandir la réserve en collaborant avec les propriétaires voisins, recréant ainsi un corridor écologique historique jusqu'au parc national de Mapungubwe.
"L'Afrique compte des milliers de safaris. Nous devions innover", explique Dusek. Leur vision dépasse le simple hébergement : il s'agit de régénérer des millions d'hectares tout en créant des opportunités pour les populations locales. Un projet d'autant plus crucial que la région est convoitée par l'industrie minière. "C'est notre alternative au charbon", conclut-elle fièrement.