Le PDG de DeepMind de Google alerte : les risques de l'IA vont bien au-delà de la simple perte d'emplois
Demis Hassabis, PDG de DeepMind, la branche recherche en IA de Google et lauréat d'un prix Nobel, ne craint pas une "apocalypse de l'emploi" due à l'IA. Lors d'un entretien avec CNN à Londres cette semaine, il a exprimé des inquiétudes bien plus pressantes : la technologie tombant entre de mauvaises mains et le manque de garde-fous pour contrôler les modèles d'IA autonomes sophistiqués.
"Ces deux risques sont majeurs et complexes", a-t-il déclaré. Cette intervention contraste avec l'avertissement récent du PDG d'Anthropic sur la possible disparition de la moitié des emplois débutants en col blanc. Hassabis se préoccupe surtout du mauvais usage de l'"intelligence artificielle générale", une IA théorique équivalente à l'intelligence humaine.
"Un acteur malveillant pourrait détourner ces technologies", a-t-il expliqué, soulignant l'enjeu crucial de restreindre l'accès aux systèmes puissants tout en permettant aux bons acteurs d'innover. Le FBI a déjà signalé en mai des cas d'usurpation de voix d'officiels américains par IA. Un rapport du Département d'État américain met en garde contre des risques sécuritaires "catastrophiques".
L'IA facilite aussi la création de deepfakes pornographiques, bien qu'une nouvelle loi américaine tente d'endiguer ce phénomène. Hassabis rejoint ainsi d'autres voix alertant sur les dangers potentiels de l'IA, même si la technologie promet des avancées majeures dans des tâches complexes comme le codage ou la génération vidéo.
Sans régulation suffisante dans la course technologique entre les États-Unis et la Chine, Hassabis plaide pour un accord international sur l'utilisation éthique de l'IA. "C'est difficile actuellement avec la géopolitique, mais j'espère qu'avec les progrès de l'IA, cette nécessité deviendra évidente", a-t-il déclaré.
Le PDG de DeepMind imagine un futur où des "agents" IA exécuteraient des tâches quotidiennes, une vision que Google concrétise en intégrant l'IA dans ses services. Cependant, malgré les progrès en génération vidéo ou codage, l'IA reste sujette à des biais et hallucinations, comme en témoignent des erreurs récentes dans des médias.
Hassabis tempère les craintes sur l'emploi : comme pour internet, de nouveaux métiers pourraient émerger. Mais il reconnaît que la société devra s'adapter pour redistribuer les gains de productivité apportés par l'IA. "Il y aura d'énormes changements, mais généralement de meilleurs emplois remplacent ceux disparus", conclut-il.