L'administration Trump lance un nouveau système privé de suivi santé avec l'aide des géants technologiques
WASHINGTON (AP) — L'administration Trump promeut une initiative incitant des millions d'Américains à partager leurs données médicales via des applications gérées par des entreprises technologiques privées. Présenté comme un moyen de simplifier l'accès aux dossiers médicaux, ce projet suscite des inquiétudes quant à la protection de la vie privée.
Le président Donald Trump doit annoncer officiellement ce programme mercredi après-midi dans la salle Est de la Maison Blanche. Plus de 60 entreprises participeront à l'événement, incluant des géants comme Google et Amazon ainsi que des réseaux hospitaliers prestigieux comme la Cleveland Clinic.
Ce nouveau système se concentrera sur trois axes principaux : la gestion du diabète et du poids, des intelligences artificielles conversationnelles d'assistance médicale, et des outils digitaux comme des QR codes ou applications de suivi des médicaments.
"Cette initiative pose d'énormes problèmes éthiques et légaux", alerte Lawrence Gostin, professeur de droit spécialisé en santé publique à l'Université Georgetown. Les patients devraient s'inquiéter d'une utilisation potentiellement néfaste de leurs données médicales.
Les responsables du CMS (Centres Medicare et Medicaid Services), qui superviseront le système, affirment que le partage des données sera optionnel et sécurisé. Ils mettent en avant les avantages pour les patients de pouvoir consulter facilement leurs dossiers sans les obstacles bureaucratiques actuels.
Parmi les partenaires du projet, Noom, service populaire de gestion du poids, pourra accéder aux dossiers médicaux dès le lancement prévu début 2026. Son PDG Geoff Cook explique comment ces données permettront des analyses IA personnalisées pour la perte de poids.
Le système brisera aussi les silos de données entre applications concurrentes. Par exemple, Noom pourrait accéder aux informations d'Apple Health. Pour Tomislav Mihaljevic, PDG de la Cleveland Clinic, cela résoudra les problèmes d'accès aux dossiers complets des patients itinérants.
Le CMS recommandera sur Medicare.gov des applications pour gérer les maladies chroniques et choisir des assurances. Mais des défenseurs de la vie privée comme Jeffrey Chester du Center for Digital Democracy doutent de la sécurité réelle de ces données sensibles.
Le secrétaire à la Santé Robert F. Kennedy Jr. pousse activement pour plus de technologie dans les soins, notamment via des wearables et la télémédecine. Il souhaite aussi exploiter ces données pour étudier l'autisme et la sécurité vaccinale, ayant recruté de nombreux anciens de startups healthtech.
Le CMS dispose déjà de vastes bases de données sur les 140 millions d'Américains couverts par Medicare et Medicaid. Ce mois-ci, l'agence a accepté de partager certaines de ces informations, alimentant les craintes sur une exploitation excessive des données médicales personnelles.