Mon microbiote sous l'assaut des restaurants : les révélations surprenantes d'une expérience scientifique
En tant que critique gastronomique intérimaire du New York Times, j'ai mené une expérience inédite sur mon microbiote intestinal après des semaines de repas au restaurant. Avec l'aide de scientifiques de Stanford, j'ai découvert que la santé intestinale est bien plus complexe qu'il n'y paraît.
Tout a commencé lorsque, après trois semaines consécutives de dîners au restaurant, je me suis inquiétée des effets de cette alimentation sur mon intestin. Obsédée par la santé digestive depuis l'enfance - mon père ne jurait que par son cocktail quotidien de lait et de psyllium - j'ai décidé d'analyser scientifiquement l'impact de ces repas extérieurs.
J'ai collaboré avec Justin et Erica Sonnenburg, chercheurs renommés en microbiologie à Stanford, pour une étude sur deux mois. Nous avons utilisé l'application Zoe (294$) qui analyse la flore intestinale, la glycémie et les lipides sanguins. L'expérience s'est déroulée en trois phases de deux semaines chacune : repas exclusivement au restaurant avec alcool, cuisine 100% maison sans alcool, puis un mélange des deux régimes.
Pendant la phase « restaurant », j'ai testé divers établissements : soupes de nouilles au bœuf chinoises, ragoûts d'agneau français, toasts indiens épicés. La phase maison, chez mes parents, m'a ramenée à mes racines indiennes végétariennes : khichdi, dal et okra. Pour la phase mixte, les Sonnenburg m'ont recommandé plus de plantes, moins de viande, et des aliments fermentés comme le yaourt et le kimchi.
Contre toute attente, je n'ai ressenti aucune différence notable entre les phases. Les analyses ont révélé que deux bactéries clés (Bifidobacterium longum et Faecalibacterium prausnitzii) réagissaient différemment. Si la première diminuait lors des phases restaurant, la seconde restait stable, indiquant un microbiote globalement résilient.
Cependant, le rapport de Zoe a tempéré cet optimisme : ma diversité microbienne était jugée « médiocre », avec trop de « mauvaises » bactéries nourries par le pain et les desserts. Tim Spector, cofondateur de Zoe, a souligné que cette stabilité pouvait aussi indiquer une bonne résistance aux changements alimentaires.
Les Sonnenburg ont émis des réserves sur les conclusions de Zoe, pointant le manque d'études sur certaines bactéries analysées et les conflits d'intérêts potentiels (Zoe vend des compléments alimentaires). Ils ont aussi rappelé les limites de l'étude : un seul sujet sur une courte période.
Cette expérience m'a appris plusieurs leçons : privilégier les plantes et fibres à la maison, varier les plats au restaurant, rester sceptique face aux tests microbiens. Mais surtout, comme l'a souligné Erica Sonnenburg : « Si vous vous sentez bien, c'est ce qui compte le plus ». Finalement, notre intestin sait souvent mieux que les tests ce qui est bon pour nous.