Trump prépare le terrain pour rejeter la responsabilité du ralentissement économique sur tous les autres
Après avoir mis l'économie américaine sur une corde raide, Donald Trump cherche déjà un bouc émissaire pour le jour où elle s'effondrera. Le président américain excelle dans l'art de transformer ses réalisations – aussi banales soient-elles – en exploits historiques, de s'approprier les succès d'autrui et de rejeter systématiquement la faute sur les autres.
Durant son premier mandat, Trump a présenté une économie moyenne comme la « plus grande de l'histoire », une affirmation si grotesque qu'un simple coup d'œil aux données statistiques suffit à la démentir. Aujourd'hui, confronté à l'obligation de performer après s'être vanté sans mesure, il hérite pourtant d'une économie robuste léguée par Joe Biden.
Le problème ? Ses politiques tarifaires erratiques menacent sérieusement la croissance du PIB, l'emploi et l'inflation. Si la plupart de ces droits de douane ne sont pas encore appliqués, leur mise en œuvre pourrait porter un coup sévère à l'économie et aux citoyens américains.
Les signaux d'alarme se multiplient : Moody's a retiré sa note parfaite aux États-Unis, la croissance stagne et les consommateurs s'inquiètent. Pire, si les républicains au Congrès alourdissent la dette via le projet de loi de Trump, les marchés obligataires pourraient réagir violemment.
Face à un possible effondrement économique cette année, Trump, qui promettait un « âge d'or » avec des prix bas et une suppression de l'impôt sur le revenu, devra trouver des excuses. Sa stratégie est déjà claire : attribuer les succès à sa politique (« l'économie Trump ») et les échecs à Biden (« l'économie Biden »).
Mais si le blâme contre son prédécesseur devient invraisemblable, Trump se tournera vers d'autres cibles, comme la Cour suprême. Il a récemment suggéré qu'un rejet de sa politique tarifaire entraînerait la « ruine économique » du pays, révélant une incompréhension flagrante des mécanismes commerciaux et constitutionnels.
En réalité, le Congrès détient le pouvoir d'instaurer des tarifs douaniers. La Cour suprême devra trancher sur l'illégalité potentielle de Trump à s'arroger des pouvoirs d'urgence sans justification. Son obsession tarifaire est d'autant plus surprenante que les États-Unis s'en sortaient très bien sans guerre commerciale durant son premier mandat.
Une tendance se dessine : Trump utilisera systématiquement les tribunaux comme boucs émissaires pour toute mauvaise nouvelle économique. Cette tactique lui permet de jouer les victimes, d'esquiver ses responsabilités et de faire pression sur la justice.