Les droits de douane de 50% sur l'acier de Trump : une aubaine pour l'Europe, un cauchemar pour les États-Unis
L'annonce surprise de Donald Trump d'augmenter les droits de douane sur les importations d'acier de 25% à 50% à partir de mercredi provoque des remous sur les marchés mondiaux. Alors que les prix de l'acier devraient s'envoler aux États-Unis, l'Europe pourrait bénéficier d'une baisse des prix due à un afflux d'acier détourné du marché américain.
Cette décision, intervenue vendredi dernier, prend effet cette semaine. Elle survient alors que l'industrie sidérurgique européenne est déjà fragilisée par les tarifs de 25% instaurés en mars. Josh Spoores, analyste chez CRU, souligne que les États-Unis, importateurs nets d'acier, verront leurs prix intérieurs augmenter considérablement.
Le Canada et le Mexique, principaux fournisseurs d'acier des États-Unis, pourraient réorienter leurs exportations vers l'Europe. Cette situation créerait une pression à la baisse sur les prix européens, selon Spoores. Certains fabricants européens pourraient en profiter pour produire localement des biens intensifs en acier et les exporter vers les États-Unis où les prix grimpent.
Cependant, tous les acteurs ne bénéficieront pas de cette situation. Rella Suskin de Morningstar note que BMW a déjà subi l'impact négatif des droits de 25%, évalué à plusieurs centaines de millions. Le secteur automobile européen a d'ailleurs chuté de 1,8% lundi. L'entreprise énergétique danoise Orsted pourrait également être affectée en raison de son absence de chaîne d'approvisionnement locale aux États-Unis.
Kaye Ayub de MEPS International alerte sur les conséquences pour l'industrie sidérurgique européenne. La demande faible et la concurrence des importations à bas prix ont déjà forcé de nombreux producteurs à réduire leur production. L'afflux potentiel d'acier asiatique détourné des États-Unis pourrait aggraver la situation, malgré les mesures de défense commerciale de l'UE.
L'Union européenne a vivement critiqué cette décision, menaçant de contre-mesures. Pour le Royaume-Uni, la situation reste incertaine alors qu'aucune exemption n'a encore été obtenue dans le cadre des négociations commerciales avec les États-Unis.
Josh Spoores souligne l'instabilité créée par ces annonces surprises. 'Je ne m'attends pas à ce que cette politique dure trois mois, peut-être même pas trois semaines', a-t-il déclaré à CNBC, anticipant de fortes pressions des industriels américains concernés.