En Russie, le prix des pommes de terre a presque triplé : Décryptage de la crise et perspectives de solution
Les prix des pommes de terre en Russie ont presque triplé en un an, atteignant des niveaux historiques. Ce légume, largement consommé dans le pays, coûtait en moyenne 85 roubles (1,07 dollar) le kilo début mai 2025, contre 30 roubles (0,38 dollar) un an plus tôt. Certaines régions affichent même des prix atteignant 200 roubles (2,53 dollars) le kilo. La crise est telle que Vladimir Putin lui-même a reconnu la pénurie.
Plusieurs facteurs expliquent cette flambée des prix. La récolte de 2024 a été mauvaise, avec une baisse de 12 % par rapport à 2023, totalisant 17,8 millions de tonnes. Les mauvaises conditions météorologiques, le manque de semences et la réduction des surfaces cultivées en sont les principales causes. Les agriculteurs, découragés par les prix trop bas en 2023, ont préféré se tourner vers des cultures plus rentables comme les oléagineux ou les betteraves sucrières.
L’inflation a également joué un rôle, augmentant les coûts des engrais, du carburant et de la logistique, tandis que le taux directeur de la Banque centrale russe atteignait 21 %. De plus, une partie importante de la récolte était de mauvaise qualité, accélérant la détérioration et intensifiant la concurrence entre les détaillants pour les stocks restants.
Face à cette crise, la Russie a massivement augmenté ses importations, qui représentent désormais 30 à 40 % des stocks dans les grandes chaînes de distribution. L’Égypte est le principal fournisseur, suivie par la Chine, le Pakistan et d’autres pays. Cependant, ces importations n’ont pas suffi à stabiliser les prix, poussant certains à réclamer des mesures réglementaires.
Le gouvernement a autorisé l’importation sans droits de douane de 150 000 tonnes de pommes de terre jusqu’à fin juillet, avec une possible extension à 300 000 tonnes. Par ailleurs, les autorités recommandent aux distributeurs d’accepter des pommes de terre moins esthétiques mais comestibles pour augmenter l’offre. Certaines régions ont même interdit l’exportation de pommes de terre hors de leurs frontières.
Le ministre de l’Agriculture, Oksana Lut, prévoit une baisse des prix à partir de juillet avec l’arrivée des nouvelles récoltes. En attendant, elle et son homologue du Commerce ont promis de réduire leur consommation personnelle pour laisser plus de stocks au marché. Les surfaces cultivées devraient augmenter de 2,3 % cette année, mais tout dépendra des conditions météorologiques.
En résumé, les consommateurs russes doivent faire face à une crise sans précédent, avec peu de solutions immédiates hormis la chasse aux promotions. L’équilibre entre l’offre et la demande reste fragile, et les prochains mois seront déterminants pour savoir si la situation s’améliore.