4 graphiques qui révèlent la pression financière croissante sur les ménages américains
Les effets persistants de l'inflation élevée et des taux d'intérêt record rendent la situation financière des Américains de plus en plus précaire. Une série de mesures politiques de l'administration Trump, notamment des tarifs douaniers drastiques susceptibles de faire grimper les prix, a alimenté l'incertitude et fait chuter le moral des consommateurs à des niveaux historiquement bas. Cette combinaison de hausse des prix, d'incertitude et de pessimisme pourrait avoir des effets dévastateurs, car les réductions des dépenses des consommateurs et des entreprises risquent d'entraîner des répercussions négatives en cascade sur le marché du travail et l'économie dans son ensemble.
Les consommateurs américains, moteur de l'économie, ont jusqu'à présent fait preuve de résilience, mais leurs marges de manœuvre se réduisent comme peau de chagrin. L'endettement et les défauts de paiement augmentent, tandis que les signaux d'alerte sur le stress financier des ménages se multiplient : de plus en plus de personnes paient désormais leurs courses alimentaires en plusieurs fois. Parmi les plus touchés figurent les emprunteurs étudiants, plongés dans la confusion depuis la pandémie et tiraillés entre les politiques contradictoires des deux dernières administrations présidentielles.
La pandémie de Covid-19 avait initialement permis à certains Américains de réduire leur dette et d'épargner, grâce aux chèques de relance, aux reports de remboursement (pour les prêts étudiants notamment) et à la baisse des dépenses discrétionnaires. Cette épargne accumulée a alimenté la reprise post-pandémie, mais l'inflation galopante et la hausse des taux d'intérêt ont rapidement changé la donne. Fin 2023, les difficultés de remboursement ont atteint des niveaux comparables à ceux de la Grande Récession, avec des taux de défaut record sur les prêts automobiles et cartes de crédit.
La reprise des remboursements des prêts étudiants en septembre 2023, après trois ans et demi de suspension, a particulièrement pesé sur les ménages. Selon la Réserve fédérale de New York, les retards de paiement ont bondi de 1% à 7,74% au premier trimestre 2024. Ces défauts entraînent non seulement une chute vertigineuse des scores de crédit (jusqu'à 177 points pour les meilleurs dossiers), mais exposent aussi les emprunteurs à des saisies sur salaire par le Département de l'Éducation.
Les services de paiement en plusieurs fois (BNPL) connaissent un essor préoccupant : un quart des utilisateurs y ont désormais recours pour leurs courses alimentaires, contre 14% un an plus tôt. Si ces solutions offrent une flexibilité bienvenue, elles encouragent aussi le surendettement, près de la moitié des utilisateurs reconnaissant avoir dépassé leurs moyens.
Le climat économique actuel, marqué par la guerre commerciale et l'instabilité politique, a plongé le moral des consommateurs à un niveau quasi historique. L'indice de sentiment de l'Université du Michigan a chuté de 30% depuis janvier, reflétant une anxiété qui pourrait, si elle se traduit par une baisse des dépenses, précipiter l'économie en récession. Pourtant, certains indicateurs, comme la croissance des revenus et l'épargne en avril, laissent entrevoir une possible résilience des ménages face aux turbulences à venir.