La violente diatribe de Trump sur les tarifs douaniers en dit trop malgré lui
La récente sortie enflammée de Donald Trump sur Truth Social, suite à la décision judiciaire contre ses tarifs douaniers, a attiré l'attention pour sa colère envers Leonard Leo, architecte de la mainmise conservatrice sur les tribunaux. Trump a blâmé la Federalist Society, soutenue par Leo, après que deux juges nommés par des présidents républicains, dont lui-même, ont jugé que ses tarifs excédaient largement son autorité présidentielle. C'est absurde : le juge qu'il a nommé au tribunal du commerce international, pourtant protectionniste, a lui-même considéré ces tarifs illégaux. Pire, la Federalist Society et Leo ont contribué à façonner la Cour suprême actuelle, permettant à Trump d'échapper à toute responsabilité pour son insurrection, ouvrant la voie à sa candidature en 2024. Mais ce qui frappe dans cette diatribe, c'est l'argument avancé par Trump pour justifier son pouvoir unilatéral en matière de tarifs. Il déclare : "Cette décision horrible exige que j'obtienne l'approbation du Congrès pour ces tarifs. Des centaines de politiciens passeraient des semaines, voire des mois, à discuter des mesures à prendre contre les pays qui nous traitent injustement. Si cette décision est maintenue, elle détruirait complètement le pouvoir présidentiel !" Trump affirme que des "milliers de milliards de dollars" seraient perdus et que le président doit pouvoir protéger l'Amérique contre les menaces économiques. En réalité, Trump rejette l'idée même que le Congrès puisse contrôler les tarifs douaniers, invoquant une urgence économique fictive – les déficits commerciaux – pour s'arroger un pouvoir illimité. Le tribunal a rejeté cet argument, estimant que la loi sur les pouvoirs économiques d'urgence (IEEPA) de 1977 ne lui accorde pas cette autorité, car les déficits commerciaux ne constituent pas une "menace extraordinaire". Trump dénonce ces limites légales comme une destruction du pouvoir présidentiel, révélant ainsi son désir de gouvernance autoritaire. Comme l'explique Douglas Irwin, professeur à Dartmouth, le Congrès n'a jamais voulu créer un "dictateur commercial". Cette logique a été rejetée par des juges nommés par Trump lui-même, y compris dans une récente affaire où un tribunal a bloqué ses déportations massives sous prétexte d'"invasion". Stephen Miller, conseiller de Trump, a même évoqué la suspension de l'habeas corpus, confirmant leur projet de pouvoir absolu. La question centrale est donc : Trump peut-il inventer des "urgences" pour s'octroyer des pouvoirs dictatoriaux ? Les tribunaux répondent non. Trump, lui, affirme que oui. Son objectif est clair : établir un pouvoir quasi-absolu, sans même le cacher. Reste à savoir si cela sera stoppé à temps.