Les recettes tarifaires canadiennes explosent en réponse aux taxes de Trump
Les revenus des droits de douane à l'importation ont connu une hausse spectaculaire au Canada, marquant l'impact des mesures de rétorsion contre les taxes américaines. Selon les données publiées vendredi par Statistique Canada, les droits perçus sur les importations ont augmenté de 546 millions de dollars pour atteindre 1,95 milliard au premier trimestre 2024, soit une progression trimestrielle de 39%. Cette envolée s'explique principalement par les tarifs douaniers imposés en mars par Ottawa sur les importations d'acier, d'aluminium et d'autres produits américains, en réponse aux mesures protectionnistes du président Donald Trump.
Le gouvernement canadien avait ciblé ces secteurs après que le Canada et le Mexique furent parmi les premiers pays visés par la politique tarifaire de Trump. Les chiffres présentés sont nets, prenant en compte les remboursements accordés aux importateurs dans le cadre des programmes d'allègement existants. Le premier ministre Mark Carney table sur 20 milliards de dollars de recettes tarifaires cette année fiscale pour compenser les dépenses supplémentaires de son plan de relance économique.
Toutefois, cet objectif pourrait s'avérer trop ambitieux alors que les discussions commerciales entre le Canada et les États-Unis progressent. Le ministre des Finances François-Philippe Champagne a indiqué que 70% des contre-tarifs canadiens restaient en vigueur, affectant environ 42 milliards de dollars d'importations malgré certaines exemptions récentes. Un communiqué séparé du ministère des Finances a confirmé cette tendance avec une hausse de 600 millions des droits de douane en mars par rapport à février.
Dans un contexte budgétaire tendu, les dépenses et charges de la dette publique ont atteint 534 milliards de dollars pour 2024-25, soit 9% de plus que l'année précédente. Le déficit s'élève à 39,1 milliards pour le dernier exercice, avec des ajustements possibles. Le report par le gouvernement Carney de la mise à jour des finances publiques au second semestre a suscité des critiques, certains y voyant une atteinte à la transparence fiscale.
Cette décision s'explique notamment par les incertitudes commerciales et la courte session parlementaire de mai-juin. Alors que l'économie canadienne devrait marquer le pas mi-2024, la situation budgétaire pourrait être plus grave que prévu dans le programme libéral, établi avant la dégradation des perspectives de croissance causée par l'escalade tarifaire.