"Cupidité et Escroquerie à Las Vegas : Le Discours de J.D. Vance à la 'Conférence Bitcoin'",
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“Cela fait un bon moment que je n’ai pas assisté à une conférence avec un tel niveau d’énergie… Je promets que je ne dis pas ça juste pour booster mes propres memecoins.” Après avoir lâché cette phrase dans son discours d’ouverture à la Conférence Bitcoin 2025, J.D. Vance a fait une pause maladroite, attendant des applaudissements qui ne sont jamais venus. À part quelques rires polis, c’était un buzzword que le Vice-Président a sorti et qui n’a pas impressionné la foule de milliers de personnes à Vegas hier après-midi. Pour comprendre l’accueil glacial, un rapide coup d’œil sur les récentes activités de Trump dans ce coin chaotique de l’industrie crypto est nécessaire. Le 17 janvier de cette année – à peine trois jours avant son inauguration – le futur président des États-Unis a lancé son propre memecoin : $TRUMP. Cette incursion dans les mèmes commercialisés aurait rapporté 350 millions de dollars à Trump grâce aux ventes de tokens et aux frais de trading. En un jour, la valeur totale du memecoin de Trump a gonflé à plus de 27 milliards de dollars. Il a ensuite atteint une valorisation record de plus de 75 milliards de dollars, faisant de Trump – qui contrôlait 80 % de tous les tokens – l’un des hommes les plus riches du monde, du moins sur le papier. Tout cela s’est produit en environ 48 heures après le lancement du coin sur le marché. Depuis, le projet de memecoin de Trump a connu un déclin constant, le token ayant perdu environ 83 % de sa valeur record depuis le début de l’année. Ceci malgré la poursuite de la hausse de l’industrie crypto dans son ensemble : Bitcoin, la cryptomonnaie phare, a atteint un nouveau prix record la semaine dernière, dépassant les 111 000 dollars par coin. La raison de la performance médiocre du memecoin de Trump est claire : non seulement c’est une tentative flagrante de se remplir les poches, le token $TRUMP n’ayant aucune utilité réelle, mais les conflits d’intérêts potentiels qu’il soulève sont immenses. C’est un sentiment que même les partisans les plus ardents de la crypto partagent. Anthony Scaramucci, fondateur de la société de gestion d’actifs SkyBridge Capital et ancien directeur de la communication à la Maison Blanche lors du premier mandat de Trump, a résumé la situation sur X : “Maintenant, n’importe qui dans le monde peut essentiellement déposer de l’argent sur le compte bancaire du président des États-Unis en quelques clics. Chaque faveur – géopolitique, corporative ou personnelle – est maintenant à vendre, ouvertement.” Ces préoccupations ont été mises en lumière la semaine dernière lorsque Trump a organisé un dîner de gala dans son club de golf en Virginie pour les plus gros détenteurs du coin $TRUMP. Mis à part les plaintes concernant la nourriture, l’événement a été vivement critiqué pour les problèmes éthiques qu’il a soulevés, la sénatrice Elizabeth Warren le qualifiant d’“orgie de corruption”. Parmi les personnalités présentes au dîner se trouvait le milliardaire de la crypto et marchand de controverses Justin Sun. Né en Chine, Sun a fait l’objet d’une action en justice par la SEC en 2023 pour une série de crimes présumés, dont la distribution illégale d’actifs cryptographiques, la manipulation du marché et des paiements clandestins à des promoteurs célèbres. Les charges ont été abandonnées en février de cette année, peu après que Trump ait pris ses fonctions et licencié l’ancien chef de la SEC Gary Gensler. C’était un sujet sur lequel le discours de Vance à la Conférence Bitcoin n’a pas déçu : il a reçu des applaudissements enthousiastes pour avoir souligné la récente révocation de Gensler, et a insisté sur “l’élimination des règles, de la bureaucratie et des guerres juridiques que nos prédécesseurs ont menées contre la crypto.” Bien sûr, une telle clémence a un prix : pendant le cycle électoral de 2024, les groupes de lobby crypto ont levé plus de 197 millions de dollars pour influencer les résultats des élections au Congrès. 133 millions de dollars ont été dépensés dans des compétitions clés, le lobby crypto soutenant le candidat qu’ils jugeaient le plus sympathique à leur industrie. Et ce n’était pas seulement les élections qui ont vu un afflux d’argent crypto : pour les célébrations de l’inauguration de Trump, les entreprises crypto ont offert un somptueux 18 millions de dollars. Le don de 4,9 millions de dollars du géant de l’industrie Ripple était le deuxième plus important, surpassant même des entreprises comme Exxon Mobil et Google. Que les entreprises crypto injectent des sommes colossales dans la politique n’est pas sans précédent. Il n’y a pas si longtemps, Sam Bankman-Fried, désormais discrédité et emprisonné pour fraude crypto, qui a fondé l’exchange frauduleux FTX, a tenté d’acheter une influence politique avec 100 millions de dollars de fonds clients volés. Et pourtant, avec tant d’argent à nouveau en jeu, il est facile pour les politiciens de fermer les yeux et d’accueillir à nouveau les bros crypto dans les couloirs de DC, malgré des rapports alarmants comme celui récemment publié par le FBI qui montre l’importance croissante de la crypto dans la cybercriminalité. Les dirigeants et les législateurs devraient être très prudents quant à laisser les loups entrer dans le poulailler : laisser les plus grands acteurs d’une industrie historiquement gangrenée par le crime écrire leurs propres règles revient à laisser les fous gouverner l’asile. Et pourtant, alors que la valeur nette de Trump s’envole grâce aux memecoins, et avec les élections de mi-mandat de 2026 à l’horizon, il semble que les esprits soient déjà faits. L’exhortation finale de Vance aux foules de la Conférence Bitcoin de “maintenir la pression” rend le message parfaitement clair : l’argent crypto, et l’influence qu’il achète, est là pour rester.
\n\nJake Donoghue
\n\nJake Donoghue a écrit ‘Crypto Confidential : Un Témoignage de l’Intérieur des Lignes de Front de la Fraude’
\n\nL’adoption de la crypto par Trumpworld devrait susciter la méfiance
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