Exclusif : TuSimple a transmis des données sensibles sur la conduite autonome à la Chine malgré un accord de sécurité nationale avec les États-Unis
Selon le Wall Street Journal, la startup de camions autonomes TuSimple (devenue CreateAI) a transmis une quantité importante de données sensibles – essentiellement le plan d'un système de véhicule autonome fabriqué aux États-Unis – à une entreprise détenue par Pékin, après avoir promis au gouvernement américain de cesser de tels transferts dans le cadre d'un accord de sécurité nationale. Les transferts vers le constructeur chinois Foton ont eu lieu vers février 2022, une semaine seulement après la signature de l'accord imposant à TuSimple de séparer ses activités et technologies de ses employés et partenaires chinois par des pare-feux et contrôles de gouvernance. Les échanges de données ont continué jusqu'à la date limite de conformité six mois plus tard, révèlent des centaines de pages de correspondance consultées par le Journal. Une enquête ultérieure du Comité sur l'investissement étranger aux États-Unis (CFIUS) a conclu que ces transferts ne violaient pas techniquement l'accord, bien que TuSimple ait été condamné à une amende de 6 millions de dollars pour d'autres infractions, sans reconnaître de faute.
Cette affaire met en lumière les limites des garde-fous américains censés concilier investissement étranger et sécurité nationale. Elle survient huit mois après que TechCrunch ait révélé que certains actionnaires de TuSimple tentaient d'empêcher le transfert de 450 millions de dollars vers sa filiale chinoise pour financer un virage vers l'animation et la génération de contenu IA. Le cofondateur Xiaodi Hou se bat actuellement en justice pour le contrôle de ses actions afin de pousser à la liquidation de l'entreprise.
TuSimple, fondée en 2015 par Hou et Lu Chen avec des capitaux chinois, avait connu un succès fulgurant dans l'industrie des véhicules autonomes avant que ses liens avec la Chine ne déclenchent des enquêtes fédérales. Après s'être retiré des opérations américaines en janvier 2024, la société a tenté de relancer ses activités en Chine, mais s'est heurtée aux restrictions du CFIUS et des tribunaux. Le Journal révèle également des liens troubles entre TuSimple et Hydron, une startup chinoise de camions à hydrogène fondée par Chen, avec qui des employés partageaient informations confidentielles et heures de travail rémunérées.
Cette affaire illustre l'évolution des politiques américaines face aux risques technologiques liés à la Chine, avec un durcissement des règles sur les transactions à haut risque. Alors que les tensions géopolitiques s'intensifient, le cas TuSimple sert d'avertissement pour Washington.