La facture 'magnifique' de Trump pourrait coûter très cher aux Canadiens : un impact fiscal dévastateur
Les critiques et recommandations sont impartiales et les produits sont sélectionnés de manière indépendante. Postmedia peut percevoir une commission d'affiliation sur les achats effectués via les liens de cette page. La Chambre des représentants des États-Unis a adopté la semaine dernière le projet de loi 'One Big Beautiful Bill Act' de Donald Trump, une proposition législative volumineuse et complexe contenant de nombreuses modifications fiscales qui pourraient nuire aux régimes de retraite canadiens et autres investisseurs.
Cette loi inclut des mesures telles que la pérennisation de certaines réductions d'impôts personnels (qui devaient expirer à la fin de l'année), une exemption permanente de taxe successorale de 15 millions de dollars US (indexée annuellement sur l'inflation par la suite), des exemptions fiscales sur les pourboires et les heures supplémentaires, des augmentations des déductions fiscales locales et nationales, ainsi que diverses propositions fiscales pour les entreprises, notamment l'amortissement immédiat de certains actifs.
La section 899 du projet de loi introduit des mesures fiscales de rétorsion visant les particuliers, entités et gouvernements étrangers qui imposent ce que les États-Unis considèrent comme des 'taxes étrangères injustes', telles que les taxes sur les services numériques (DST) ou les compléments de taxe minimale mondiale, sur les entreprises américaines.
Si elle est adoptée, cette section annulerait les traités fiscaux existants et imposerait des taux d'imposition américains significativement plus élevés – allant de 5 % à 30 % – sur les revenus passifs, les gains immobiliers et les bénéfices commerciaux pour les investisseurs étrangers concernés. Pour des pays comme le Canada, les implications pourraient être graves s'ils sont désignés comme un 'pays étranger discriminatoire' par Washington.
La DST récemment mise en œuvre par le Canada (comme d'autres pays) est l'une des raisons derrière la section 899. Les États-Unis, même sous Joe Biden, ont clairement exprimé leur désaccord avec les DST, les considérant comme une attaque injuste contre les entreprises américaines. De plus, les États-Unis n'ont pas été impressionnés par la promotion par l'OCDE d'une taxe minimale mondiale, que le Canada a adoptée.
Ce régime permet aux pays d'imposer des compléments de taxe sur les revenus des grandes multinationales, même si ces revenus ont déjà été taxés ailleurs, simplement parce que le taux d'imposition étranger était inférieur au minimum mondial de 15 %. Bien que présenté comme une mesure d'équité, il permet en réalité aux juridictions à fiscalité élevée comme le Canada d'imposer des bénéfices ayant peu ou pas de lien réel avec leur économie.
Il ne serait donc pas surprenant que les États-Unis ciblent le Canada. Les conséquences négatives pour les Canadiens seraient considérables. Par exemple, les particuliers et entités canadiennes (sociétés, fiducies et partenariats) pourraient faire face à des taux de retenue à la source américains accrus, pouvant atteindre 30 % ou plus, sur les dividendes, intérêts, loyers, redevances et gains en capital immobiliers provenant des États-Unis.
Si vous êtes propriétaire d'une entreprise avec des activités aux États-Unis via une filiale, les dividendes versés à une société mère canadienne seraient concernés. Si votre entreprise américaine est directement exploitée par une société canadienne, vous pourriez être soumis à une taxe sur les bénéfices de succursale plus élevée.
Certains experts fiscaux se demanderont : comment est-ce possible, alors que le Canada et les États-Unis ont un traité fiscal limitant le taux de retenue à la source ? La section 899 est conçue pour annuler explicitement ces traités si vous résidez dans un 'mauvais pays'.
En cas de désignation du Canada comme 'mauvais pays', les fonds de pension comme le Régime de pensions du Canada (RPC) pourraient également être touchés, avec une retenue à la source imposée sur leurs revenus américains. Cela aurait un impact matériel et négatif sur l'ensemble du RPC et, indirectement, sur les détenteurs de pensions.
Que fera le Canada ensuite ? Logiquement, on pourrait penser qu'il abandonnerait son soutien à la DST et à la taxe minimale mondiale. Cependant, en tant que membre fier de l'OCDE, renoncer à ces mesures pour apaiser les États-Unis serait politiquement difficile, surtout pour un gouvernement aussi combatif.
Le Canada devra suivre de près l'évolution du projet de loi de Trump, qui rencontrera sans doute des obstacles au Sénat américain. Mais si la section 899 est adoptée dans sa forme actuelle, le Canada pourrait bien être désigné comme un 'mauvais pays', entraînant des tensions similaires à celles des guerres tarifaires. Des négociations diplomatiques seront essentielles.
Si le Canada choisit de ne pas résoudre son statut de 'mauvais pays', les investissements canadiens aux États-Unis pourraient considérablement diminuer. Les États-Unis s'en soucieront-ils ? Probablement pas. Mais la réduction des investissements canadiens aux États-Unis devrait inquiéter tous les Canadiens, car cela affecterait gravement les rendements des investissements.
Le Premier ministre Mark Carney a récemment suggéré que le Canada doit 'réinventer' son économie face aux dynamiques mondiales changeantes. Mais si la section 899 est adoptée et que le Canada est désigné comme un 'mauvais pays', les conséquences seront bien réelles : des taxes américaines plus élevées, des fonds de pension exposés et de graves perturbations des investissements transfrontaliers. Les protections des traités seraient ignorées et notre loyauté envers les politiques fiscales de l'OCDE serait mise à l'épreuve. Rien de 'magnifique' là-dedans.