Trump ravive la guerre commerciale et affronte une révolte du marché obligataire : l'économie américaine sous tension cette semaine
D'ici la fin de la semaine, l'état de l'économie américaine face aux bouleversements politiques du président Donald Trump sera bien plus clair. Sa guerre commerciale erratique a déjà perturbé les consommateurs et freiné la croissance économique, principalement en raison des entreprises américaines qui se sont précipitées pour stocker des importations. Son projet de réforme fiscale, actuellement en discussion au Congrès et susceptible d'élargir considérablement le déficit du pays, a également semé le trouble sur le marché obligataire. Mais ce qui compte vraiment pour la santé économique sous-jacente, c'est de savoir si la demande – pour les biens, les services et les logements – continuera à résister ou s'effondrera face à une incertitude persistante, des coûts d'emprunt en hausse et des prix plus élevés. De nouvelles données publiées cette semaine, incluant deux enquêtes sur les consommateurs, une révision de l'estimation de la croissance économique au premier trimestre et des chiffres actualisés sur les dépenses des ménages, donneront à Wall Street et à la Réserve fédérale une meilleure vision des répercussions des politiques de Trump. Les observateurs du marché auront également des indices sur les implications pour la Fed, plusieurs responsables devant s'exprimer publiquement cette semaine. La semaine dernière, Trump a ravivé les tensions commerciales en menaçant d'imposer des droits de douane de 50 % sur l'Union européenne et de 25 % sur Apple et d'autres fabricants de smartphones comme Samsung. (Il a finalement reporté les tarifs sur l'UE dimanche.) La Chambre des représentants a également adopté son projet de réforme fiscale, qui sera examiné par le Sénat, où des modifications sont attendues. Les données récentes, qualitatives et quantitatives, permettront de mesurer le moral des Américains (données qualitatives) ainsi que leurs dépenses et celles des entreprises (données quantitatives). Mardi, le Conference Board publiera son enquête sur la confiance des consommateurs pour mai, un indicateur très suivi. En avril, cette confiance avait chuté de 7,9 points pour atteindre 86, son niveau le plus bas depuis mai 2020. Les économistes interrogés par FactSet prévoient une légère amélioration ce mois-ci. Vendredi, l'Université du Michigan publiera une version révisée de son enquête sur le moral des consommateurs. Une première estimation avait révélé un net recul en mai, atteignant le deuxième niveau le plus bas depuis 1952. Jeudi, le Département du commerce publiera sa deuxième estimation du PIB pour le premier trimestre. La première estimation avait montré un recul annualisé de 0,3 %, le pire trimestre depuis 2022, en raison d'un déficit commercial accru alors que les entreprises anticipaient les tarifs douaniers de Trump. Vendredi, des données sur les dépenses des ménages, les revenus et l'indice d'inflation privilégié par la Fed seront également publiées. En mars, les dépenses des consommateurs avaient bondi de 0,7 %, les Américains anticipant leurs achats (notamment de voitures) pour éviter l'impact des tarifs. Le marché immobilier américain reste sous pression en raison des taux hypothécaires élevés, des inquiétudes économiques, de la volatilité des marchés financiers et de la hausse continue des prix. Cela a entraîné une saison des achats immobiliers printanière décevante. De nouvelles données cette semaine révéleront si les acheteurs seront encore plus sous pression. Mardi, S&P Global publiera son indice des prix immobiliers pour mars. En février, la hausse annuelle des prix atteignait 3,9 %, les pénuries de logements continuant de tirer les prix vers le haut. Jeudi, la National Association of Realtors dévoilera les ventes de logements basées sur les signatures de contrats en avril. En mars, ces ventes avaient bondi de 6,1 %, leur plus forte progression mensuelle depuis décembre 2023, une dynamique attribuée par l'économiste en chef Lawrence Yun à la « croissance continue de l'emploi ». Le même jour, Freddie Mac communiquera le taux moyen des prêts immobiliers fixes sur 30 ans. La semaine dernière, ce taux avait atteint 6,86 %, son plus haut niveau depuis mi-février, les investisseurs obligataires s'inquiétant de l'impact de la réforme fiscale sur la dette nationale. La demande d'obligations avait chuté, faisant baisser les prix et monter les rendements. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans, qui influence largement les taux hypothécaires, avait dépassé 4,61 %, tandis que celui à 30 ans atteignait 5,14 %, son plus haut niveau depuis octobre 2023. Les observateurs scrutent attentivement les déclarations des responsables de la Fed pour anticiper l'évolution des taux d'intérêt. Jusqu'à présent, ceux-ci ont indiqué préférer attendre avant d'agir, le marché du travail restant résilient. Voici les principaux événements de la Fed cette semaine : Mardi : interventions des présidents de la Fed de Minneapolis et de New York. Mercredi : publication du compte-rendu de la réunion de mai. Jeudi : interviews et discours des présidents de la Fed de Chicago et de San Francisco. Vendredi : allocutions des présidents de la Fed d'Atlanta et de Chicago.