Trump oblige la Suisse à remettre en question son amour pour les agriculteurs
La Suisse, dont les pâturages alpins luxuriants, les cloches de vaches et le fromage fondent l'identité nationale, est confrontée à un dilemme économique majeur. Le président américain Donald Trump pousse pour un accord commercial qui pourrait menacer le secteur agricole suisse, très protégé et subventionné.
Les négociations commerciales avec les États-Unis, dont le deuxième round a eu lieu en mai à Genève, pourraient forcer la Suisse à choisir entre un impact économique brutal ou un contrecoup politique envers ses agriculteurs. Thomas Borer, ancien ambassadeur suisse en Allemagne, estime que la Suisse ne peut se permettre de froisser la première économie mondiale pour un secteur représentant moins de 1% du PIB.
Le problème pour la Suisse réside dans son ouverture commerciale exceptionnelle, limitant les possibilités de concessions. L'agriculture, dernier bastion protectionniste, devient donc la cible principale des États-Unis, grand exportateur de soja, maïs, blé et viande. Les produits agricoles américains font face à des droits de douane élevés en Suisse, où un système complexe de quotas et de subventions maintient les prix alimentaires parmi les plus hauts d'Europe.
Les agriculteurs suisses, représentant un quart du Conseil national et plusieurs membres du gouvernement, promettent une résistance farouche. Sandra Helfenstein, porte-parole de l'Union suisse des paysans, qualifie toute concession dans le secteur agricole de "complètement inappropriée". Pourtant, l'histoire récente montre que la Suisse cède souvent face à la pression américaine, comme lors de l'abandon du secret bancaire en 2013.
Selon Joost Pauwelyn, expert en commerce international, la diplomatie suisse pourrait néanmoins trouver une issue acceptable. Le besoin de Trump de conclure des accords et le processus démocratique suisse (approbation par le Parlement voire référendum) pourraient donner des atouts aux négociateurs helvétiques pour limiter les concessions.