90 000 tonnes de déchets nucléaires aux États-Unis : Où et comment sont-ils stockés ?
Aux États-Unis, environ 90 000 tonnes de déchets nucléaires sont stockées dans plus de 100 sites répartis dans 39 États, dans diverses structures et conteneurs. Depuis des décennies, le pays tente de centraliser ce stockage dans un lieu unique et sécurisé. Une loi fédérale de 1987 a désigné Yucca Mountain, dans le Nevada, comme site de stockage permanent, mais des obstacles politiques et juridiques ont retardé sa construction. Le projet, à peine commencé, a vu son financement coupé par le Congrès en 2011. Pendant ce temps, les 94 réacteurs nucléaires en activité dans 54 centrales continuent de produire des déchets radioactifs. L'intérêt croissant pour l'énergie nucléaire, motivé par les préoccupations environnementales et les nouvelles applications pour les petites centrales, rend la question du stockage encore plus urgente. En mars 2025, la Cour suprême a examiné des arguments concernant un site de stockage temporaire, avec une décision attendue pour fin juin. Quoi qu'il advienne, la recherche d'une solution permanente risque de se prolonger pendant des années. Je suis un expert en corrosion spécialisé dans le confinement des déchets nucléaires, qu'il s'agisse de stockage temporaire ou de disposition permanente. Aux États-Unis, les déchets radioactifs proviennent principalement de deux sources : la fabrication d'armes nucléaires pendant la Guerre froide et la production d'électricité dans les centrales. On trouve également de petites quantités de déchets médicaux. Les résidus du traitement chimique des matériaux radioactifs utilisés pour les armes, souvent appelés "déchets de défense", sont vitrifiés et coulés dans des conteneurs en acier inoxydable. Ces cylindres, hauts de 3 mètres et larges de 60 cm, pèsent environ 2,3 tonnes une fois remplis. Pour l'instant, la majorité de ces déchets est stockée dans des réservoirs souterrains, principalement à Hanford (Washington) et Savannah River (Caroline du Sud), deux sites clés du programme nucléaire militaire. À Savannah River, une partie des déchets a déjà été vitrifiée, mais une grande quantité reste non traitée. Dans les deux cas, des fuites ont contaminé le sol sous les réservoirs, bien que les autorités affirment qu'il n'y a pas de risque pour la santé. Les efforts actuels se concentrent sur la protection des réservoirs contre la corrosion pour éviter de nouvelles fuites. La majeure partie des déchets nucléaires aux États-Unis provient du combustible usé des centrales électriques. Avant utilisation, ce combustible se présente sous forme de pastilles d'oxyde d'uranium enfermées dans des tubes de zirconium, regroupés en assemblages. Ces assemblages, longs de 3,5 à 5 mètres et larges de 12 à 20 cm, sont utilisés dans les réacteurs pour produire de l'électricité. Après trois à cinq ans, bien que toujours très radioactifs, ils sont retirés et placés dans des piscines de refroidissement pendant environ cinq ans. Ensuite, ils sont séchés et scellés dans des conteneurs en acier inoxydable, stockés à l'extérieur dans des silos en béton ventilés. Fin 2024, on comptait plus de 315 000 assemblages de combustible usé et 3 800 conteneurs de stockage sec répartis sur les sites actuels et anciens de centrales nucléaires. Même les réacteurs démantelés conservent leurs déchets dans des silos en béton, entretenus par les compagnies électriques. La corrosion représente une menace sérieuse pour ces méthodes de stockage. Les centrales nucléaires, situées près de sources d'eau, sont particulièrement vulnérables aux embruns salés près des côtes. Ces particules peuvent corroder les conteneurs en acier inoxydable, bien que ce matériau soit généralement résistant. Des recherches financées par le Département de l'Énergie ont montré que des piqûres et fissures pourraient se former sur les conteneurs stockés près de la mer. Cependant, une fuite radioactive nécessiterait également la corrosion des tubes de zirconium et du combustible lui-même, ce qui est peu probable. Une solution permanente reste lointaine. Le site idéal doit être géologiquement stable pour des milliers d'années et politiquement acceptable. Le transport des déchets vers ce site, où qu'il soit, posera également des défis logistiques majeurs. En attendant, les déchets resteront là où ils sont.